Les responsables du Mouvement M5-Mali Kura ont animé, ce samedi 14 janvier 2023, une conférence de presse au siège du Front africain pour la solidarité et la démocratie (FASODE). Lors de cette rencontre, Me Mohamed Ali BATHILY, président en exercice du M5 Mali Kura, s’est prononcé sur plusieurs questions d’intérêt national, notamment la Journée de la souveraineté ; les questions sécuritaires

Selon Me BATHILY, si nous devons parler de sécurité dans notre pays aujourd’hui, nous avons l’obligation de tenir le langage de la vérité. Car, dit-il, de nos jours, une grande partie du territoire échappe au contrôle de l’Etat et les populations de ces zones vivent sous occupations terroristes. Pendant ce temps, dénonce-t-il, il est étonnant d’entendre certains dire qu’il y a la sécurité parce que nous avons acheté des avions, des armes et des minutions.
Car, dit-il, s’il est indéniable que la guerre ne peut se gagner sans les armes, force est de reconnaitre que les armes à elles seules ne suffisent pas à rétablir la paix et la sécurité et à vaincre le terrorisme sur l’ensemble du territoire.
Pour lui, si les armes suffisaient, les américains n’allaient pas fuir en Afghanistan ou en Somalie.
De nos jours, a-t-il fait savoir, les civils continuent de mourir sous les assauts des terroristes, et les FAMa sont victimes d’embuscades et d’engins explosifs.
S’agissant de la célébration du 14 janvier comme journée de la souveraineté retrouvée, Me Mohamed Ali BATHILY, exprime son étonnement.
«Quand j’ai appris que le 14 janvier avait été décrété journée du retour à la souveraineté, j’ai demandé la signification et mes collaborateurs étaient aussi tous surpris que moi. Peut-on croire que le Mali avait perdu sa souveraineté avant le 14 janvier ? Jusqu’à tel point que nous avons décrété une journée de la souveraineté. Cela doit nous interpeller. Il faut faire très attention avec l’histoire. A mon avis, le Mali n’a jamais perdu sa souveraineté», s’est-il insurgé.
Selon lui, la mobilisation du 14 janvier 2022 n’avait pas pour objectif de réclamer une quelconque souveraineté, mais plutôt de dénoncer les sanctions de la CEDEAO. Il s’agissait de se mobiliser pour montrer que le Peuple soutient les autorités de la transition face à ces actions.
Mais, si pour une raison ou une autre, nous décrétons une journée de la souveraineté, cela sonne, de l’avis de Me BATHILY, comme un manque de respect à la mémoire des pionniers de l’indépendance, notamment Modibo KEITA, Mamadou KONATE, Fily Dabo SISSOKO, etc. Pour lui, cela s’appelle du négationnisme.
«Au niveau du M5-RFP Mali Kura, nous disons non à la falsification de l’histoire de notre pays», a-t-il critiqué.
Sur la gestion de la transition, il a déploré le fait que le courant ne passe pas entre le M5 Mali Kura et les colonels à la tête de la transition.
En effet, malgré une rencontre entre les deux parties au mois d’octobre 2022, aucun dialogue n’a été instauré. En tout cas, cette dissidence du M5, selon ses responsables, n’a jamais été consultée, encore moins associée à une initiative du gouvernement.
Sur le dossier de la lutte contre la corruption, il a accusé les autorités de la transition d’avoir laissé filer les dignitaires du régime défunt pendant la période du couvre-feu, aux premières heures du coup d’Etat.
«Je ne peux pas comprendre qu’on a lancé des mandats d’arrêt contre ces personnalités que nous avons laissé quitter librement le pays», a-t-il dit.
Mieux encore, regrette-t-il que certains de ces auteurs de détournement de fonds de l’ancien régime ont été nommés membres du CNT depuis deux ans, sans être inquiétés.
Face à cette situation, le conférencier a invité les autorités de la transition à s’assumer.
De toute évidence, Me Bathily trouve que la transition est en train de perdre ses soutiens face à la vie chère, la corruption, le népotisme.
«Nous avons l’obligation de dénoncer ces actes de mauvaise gouvernance au risque de trahir la mémoire des victimes des événements des 10, 11, et 12 juillet 2020», a-t-il dit.
Au passage, Me BATHILY a invité les autorités de la transition à faire la lumière sur le dossier des victimes de 2020. A la limite, dit-il, ‘’nous avons le sentiment qu’il n’y a plus de justice dans ce pays’’.
« La transition a l’obligation de traduire en justice les auteurs de ces violences meurtrières, sinon nous allons avoir l’impression qu’elle est complice ou elle les protège », a-t-il accusé.
Pour lui, les responsables de cette tragédie sont connus et doivent être jugés. En tout cas, le M5 Mali Kura n’est pas prêt à oublier les victimes des manifestations de 2020.
De nos jours, a-t-il expliqué, les fléaux qui ont été à l’origine du soulèvement contre le régime IBK persistent, voire s’aggravent.

Par Abdoulaye OUATTARA

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