Le Premier ministre par intérim, le Colonel Abdoulaye MAIGA, à la tribune de 77e Assemblée générale des Nations unies, n’a fait de cadeau aux autorités françaises qu’il qualifie de «junte nostalgique de pratique néocoloniale, condescendante, paternaliste et revancharde ». Devant les membres de l’auguste assemblée, l’intérimaire du Dr Choguel Kokalla MAIGA a renouvelé également ses accusations contre la France qui apporte, dit-il, son soutien aux groupes terroristes. « Le Mali sera en mesure de prouver que la junte française a fourni des renseignements et des armes à des groupes terroristes », a déclaré M. MAIGA.

D’un ton très dur, le Premier ministre par intérim s’est adressé aux dirigeants du monde. Un discours historique pour beaucoup, parce que c’est la première fois qu’un responsable s’exprime avec autant de véhémence. Plusieurs responsables des pays voisins, de la France et même le secrétaire général de l’ONU ont été fustigés par le Mali.
À cet effet, pendant plus de 6 minutes, le Premier ministre par intérim charge la politique française en Afrique, la gestion de l’insécurité au Mali, entre autres. Signe qu’entre les deux partenaires (Mali et la France), c’est le désamour total depuis le retrait des forces françaises sur le territoire national.
« Le monde se souviendra qu’après avoir été abandonné en plein vol, le 10 juin 2021, par la France qui a décidé unilatéralement de retirer la force Barkhane du Mali, mon pays a été ensuite poignardé dans le dos par les autorités françaises », a accusé M. MAIGA, en refusant tout amalgame avec le peuple français qu’il respecte.
Après 9 ans de présence au Mali, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme sans résultats tangibles, les différentes opérations françaises ont officiellement pris fin le 15 août, date du retrait du dernier soldat français au Mali, à l’image du scénario de 1961. Toutefois loin du PC commandement au Mali, la Force française est réarticulée au Niger notamment où elle opère contre les terroristes.
À défaut de réussir ce combat noble et juste contre les forces du mal, pour le Premier ministre par intérim, les autorités françaises profondément anti-françaises pour avoir renié « les valeurs morales universelles et trahies le lourd héritage humaniste des philosophes des lumières, se sont transformées en une junte au service de l’obscurantisme».
Cette France obscurantiste nostalgique de pratiques néocoloniales, condescendantes, paternalistes et revanchardes est aussi accusée par les autorités maliennes d’avoir commandité et prémédité des sanctions inédites, illégales, illégitimes et inhumaines de la CEDEAO et de l’UEMOA contre notre pays.
« Grâce à sa résilience et à la solidarité de pays amis et des peuples africains, le Peuple malien a tenu et a déjoué les pronostics de ses adversaires », a-t-il salué.
Dans son speech qui est loin d’être amical, il a indiqué que le pays d’Emmanuel MACRON s’est rendu aussi coupable d’instrumentalisation des différends ethniques, en oubliant si vite sa responsabilité dans le génocide contre les Tutsis au Rwanda, coupable également de tenter désespérément de diviser les Maliens enfants d’une même famille.
En effet, en Guinée Bissau, le président français Emmanuel MACRON qui a été reçu par son homologue Sissoco EMBALO devenu le nouveau président en exercice de la CEDEAO en fin juillet dernière ne s’est pas empêché d’aborder la question de notre pays.
« J’ai fait part aussi au président Sissoco Embalo de l’alarme de la France et de ses partenaires face à qui s’apparente, sous couvert d’opération de lutte contre le terrorisme, à des violences systématiques ciblant les populations peules», avait affirmé MACRON avant de poursuivre : « Nous avons partagé l’urgence d’enrayer cet engrenage qui pourrait déstabiliser l’ensemble de la région et avons souligné la responsabilité première des États de la région pour sanctionner les coupables et exercer leur vigilance ».
Aux griefs portés par le Mali, la violation de son espace aérien par la France en y faisant voler des vecteurs aériens tels que des drones, des hélicoptères militaires et des avions de chasse.
Notre pays dénombre plus d’une cinquantaine cas de violation, à travers lesquels, la France a apporté des renseignements, des armes et munitions aux groupes terroristes.
Eu égard à la gravité des faits commis par « la junte française », le Mali dans sa lettre en date du 15 août 2022, a demandé la tenue d’une réunion d’urgence du Conseil de Sécurité des Nations Unies, a-t-il rappelé.
Cette réunion a pour objet, a expliqué le Premier ministre par intérim, de permettre au Mali de présenter les éléments de preuve en sa possession, démontrant que l’armée française a agressé en de maintes reprises son territoire en violant, de manière répétitive et fréquente l’espace aérien malien.
« Mali sera en mesure de prouver que la junte française a fourni des renseignements et des armes à des groupes terroristes », a affirmé M. MAIGA étonnée des raisons qui poussent la France membre permanent du Conseil de sécurité, de surcroît assurant la présidence de cet organe, à faire obstacle au débat, en vue de la manifestation de la vérité.
« Le monde doit être édifié sur les faits graves qui se sont déroulés au Mali et qui sont à la base de l’aggravation de l’insécurité et de la déstabilisation du Mali et du Sahel », a-t-il ajouté.
Par la saisine du Conseil de sécurité, les autorités maliennes entendent mettre cet important organe, face à ses responsabilités et dénoncer les agissements de la « junte française » contre leur pays. Ces actes hostiles sont incompatibles avec la Charte des Nations Unies et son statut de membre permanent, a dénoncé le représentant du Mali à cette AG de l’ONU.
« Il y va de la crédibilité de notre mécanisme commun, de l’efficacité de la lutte contre le Terrorisme, mais surtout, il y va de l’intégrité de l’Organisation des Nations Unies qui repose, entre autres, sur le respect des engagements internationaux, de la légalité internationale et de la Charte des Nations Unies », a indiqué le Premier ministre par intérim en sollicitant l’implication personnelle du président auprès du Conseil de Sécurité des Nations unies, afin que la demande de son pays aboutisse, pour que cesse, espère-t-il, « la duplicité et la guerre par procuration imposée à mon pays ».

PAR SIKOU BAH

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