A l’issue des travaux du Comité de Pilotage du référendum et des élections, tenus ce lundi 23 janvier 2023, le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, porte-parole du gouvernement, le Colonel Abdoulaye MAIGA, a rassuré que les élections auront lieu car, dit-il, le retour à l’ordre constitutionnel demeure une vision cardinale des autorités du pays. Malgré cette volonté affichée, force est de constater que la multiplication des organes de gestion des élections est loin d’être un gage d’efficacité et de transparence des scrutins aux yeux de nombreux observateurs.
Le retour à l’ordre constitutionnel dans le délai imparti (24 mois à partir de mars 2024) est l’une des exigences majeures de la communauté internationale dont la CEDEAO qui, levant ses sanctions injustes contre le Mali, demande aux autorités de la Transition de respecter ce délai de rigueur.
Si la volonté affichée par les autorités de la transition pour respecter cet engagement a été saluée par l’ensemble des acteurs du processus électoral, force est de constater que depuis un certain temps, certaines initiatives du gouvernement ont du mal à rassurer ces derniers sur l’efficacité dans l’organisation et la transparence des scrutins.
En effet, selon l’Article 4 de la loi électorale : « L’Autorité indépendante de gestion des élections a pour mission l’organisation et la gestion de toutes les opérations référendaires et électorales».
Dans sa mission, l’AIGE est appuyé par le ministère de l’Administration territoriale conformément à l’article Article 5 de loi qui stipule: «Le Ministère chargé de l’administration territoriale a pour mission d’appuyer l’AIGE».
Mais, le retard accusé dans la mise place de l’AIGE et de ses démembrements semble ouvrir la voie à sa suppléance voire sa mise en écart par le département chargé des questions électorales.
En tout cas, certaines initiatives sont de nature à susciter des interrogations.
Comme le cas de la création, le 12 septembre 2022, d’un ‘’Comité de pilotage du référendum et des élections générales’’ composé des représentants de plusieurs départements ministériels, des services techniques de l’Etat des forces armées maliennes.
Si officiellement sa mission d’assister le ministre dans ses tâches de préparation technique et d’organisation matérielle des opérations électorales, la création de cette structure soulève un certain nombre d’interrogations. Quel sera le cadre de collaboration avec les autres organes de gestion des élections, notamment l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) ?
A la lecture de missions confiées à ce Comité, on se rend compte que le Mali va organiser les prochaines dans un processus qui marche sur 3 pieds.
D’un côté, le Ministère chargé de l’Administration territoriale a pour mission d’appuyer l’AIGE. A ce titre, il est chargé de l’organisation technique et matérielle des opérations référendaires et électorales ; de la révision des listes électorales, etc.
De l’autre, l’Autorité indépendante de gestion des Elections (AIGE) qui a pour mission l’organisation et la gestion de toutes les opérations référendaires et électorales.
Et depuis ce 12 septembre 2022, ‘’Comité de pilotage du référendum et des élections générales’’. Ce dernier étant un appendice du ministère de l’administration.
«La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent», disait Albert Einstein.
Une citation qui colle bien avec la réalité des expériences vécues ici Mali en matière d’organisation, des élections.
Car, par le passé, nous nous sommes rendu compte que la multiplication des organes de gestion n’a jamais été gage ni d’efficacité, ni de transparence des élections.
Le cas de la CENI, de la DGE et du ministère de l’administration en est une parfaite illustration. Ce triumvirat a toujours été remis en cause par les acteurs du processus électoral à tel point que la classe politique a exigé la création d’un organe unique.
C’est pourquoi, nous estimons que l’Etat gagnerait mieux à renforcer les capacité de l’AIGE que de perdre son temps dans la création des structures d’appui au risque de s’enliser.
D’ores et déjà, de son côté, le président de l’AIGE, Me Moustapha CISSE, a tiré la sonnette d’alarme lundi dernier en indiquant que la réussite de l’organisation des élections sera confrontée à d’énormes difficultés. Celles-ci sont liées au temps, à la sécurisation du territoire et à l’utilisation de la carte biométrique, le vote des forces de sécurité.
Par Abdoulaye OUATTARA