Il y a 3 ans, après plusieurs mois d’agitation et de médiation proactive de la CEDEAO sans succès, l’armée prenait ses responsabilités autour du Comité national pour le Salut du peuple (CNSP). Le président IBK, qui n’était pas dictatorialement élu, a été contraint à la démission le 18 août 2020 après avoir dissout son gouvernement et son parlement. La France qui avait lâché ignominieusement (Diafan) l’un des plus grands Présidents francophiles de l’histoire de la Françafrique ordonne à la CEDEAO d’acter le putsch. Mais face au nationalisme et patriotisme intransigeants du colonel Assimi Goïta, la junte française allait vite déchanter.
Après la rectification de la Transition intervenue le 24 mai et la démission du président et du Premier ministre de la Transition le 26 mai 2021, la France gèle sa coopération militaire avec notre pays, au plan opérationnel et annonce le retrait de ses troupes avant de couper ensuite son aide budgétaire et son aide au développement… Même les vols d’Air France en destination de notre pays ont été suspendus de même que la délivrance de visa.
Le crime du Mali de Assimi Goïta et de Choguel Maïga, ce n’est pas d’avoir renversé Ibrahim Boubacar Keita (paix à son âme), la France s’en foutait, ni même d’avoir déchargé Bah N’Daw et Moctar Ouane de leurs prérogatives. Pour Paris, il était inconcevable, inacceptable et absolument intolérable que la France cohabita avec la Russie dans un pays que la France considérait lui appartenir, au-dessus et en dessous.
En clair, la sollicitation d’un nouveau partenaire stratégique dans la lutte contre le terrorisme était le nœud gordien du problème, l’arête qui est restée en travers la gorge de la junte française.
-Mais depuis, notre armée qui était la risée en Afrique de l’Ouest depuis 10 ans a commencé sa véritable montée en puissance. Avec ses nouveaux partenaires, point de répit pour les terroristes qui sont traqués jusque dans leurs derniers refuges. Au bout de quelques mois, la paix commence à revenir petit à petit dans le pays, de même que les déplacés. Les forces armées et de sécurités restaurent l’honneur du Mali et des Maliens. Désormais le Mali peut compter sur elle-même : le Mali a survécu à 9 mois de sanctions drastiques et d’embargo de la CEDEAO et de l’UEMOA.
Les Accords de défense signés avec l’ex-colonisateur sont dénoncés. L’armée française forte de plus 3000 soldats décampent, et la Minusma composée de plus 13.000 soldats et policiers est priée de plier bagages d’ici la fin de l’année. Les FAMas sont en train de récupérer un à un les camps militaires de la Minusma, etc. Nulle volonté de confisquer le pouvoir, la Transition fait adopter une nouvelle Constitution par référendum ouvrant la voie à la 4e République, bien que certains politiciens y voient encore de la malice.
En trois ans de Transition, le Président Assimi Goita et son Premier ministre Choguel Kokalla Maiga n’ont pas tout réussi. Bien au contraire, beaucoup reste à faire dans un vaste pays en proie au terrorisme et à toutes sortes de chienlits politiques. Avec les frères de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, anciens séparatistes), la paix et la réconciliation restent à redessiner et à consolider. Un des 5 colonels, Ismaël Wagué, y veille.
La CMA est loin d’être la seule équation sécuritaire au Nord pour la transition. Les groupes armés terroristes y font encore de la pluie et le beau temps, en raison du respect des arrangements sécuritaires dans le cadre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger qui empêchent les FAMas d’opérer dans certaines parties du territoire sans être accompagnés. Aussi, la sécurité à restaurer partout et pour toutes les populations notamment les populations sans défense exposées aux terroristes au Nord et au Centre.
Au-delà des questions sécuritaires, l’autre challenge qui reste très ouvert pour la Transition est la prospérité à bâtir pour le Mali-Koura. Or, pour réussir une souveraineté indiscutable, il faut mettre les populations à l’abri des besoins (manger, boire, se mettre à l’abri et en sécurité). Les Maliens restent pauvres et très pauvres. C’est à cet augure que le troisième D de Choguel prend tout son sens.
Ce qui reste le talon d’Achille de cette Transition, c’est bâtir le développement, une prospérité partagée pour les Maliens du Mali-Koura. Parce que, sans éloquent comme le Premier ministre, le patriotisme et la souveraineté ne mangent pas ; et ventre vide n’a point d’oreille. Donc, tous ceux qui applaudissent aujourd’hui peuvent être demain des jeteurs de cailloux s’ils n’ont pas mangé. Derrière les éclats de façades et les bling-bling hors-saison, les autorités de la Transition se doivent d’être regardantes sur les attentes légitimes des couches les plus fragiles. C’est la principale préoccupation du Président de la transition ! Qu’à cela ne tienne. Les Maliens espèrent voir le bout du tunnel entre l’insécurité et la hausse exponentielle des prix. Qu’on fasse un petit tour au marché sans camera, on se rendra compte de la détresse des ménagères, tenues à tout acheter avec le petit ‘’nansongo’’…
Il urge donc que le gouvernement réussisse à mettre en œuvre la volonté maintes fois exprimée ou rapportée du Président de la Transition, son souci de voir les populations au-dessus du besoin.
Car comme le dit le Premier ministre, «le discours patriotique et nationaliste ça peut tenir un an, deux ans, trois ans, mais pas sur la durée, c’est l’économie qui tient. C’est pourquoi, aujourd’hui, le Gouvernement est totalement centré là-dessus. Le ministre des Finances, nuit et jour, cogite sur le comment faire». Alea Jacta est !
PAR ABDOULAYE OUATTARA