La coordination des jeunes du Mandé (CJM-Mali) a organisé, ce vendredi 10 février 2023, un meeting à Kangaba pour dénoncer le silence des autorités sur le bilan macabre des affrontements meurtriers des populations des villages de Danga et Tombola autour d’un site minier ayant fait une quarantaine de victimes et des dizaines de blessés dans la commune rurale de Nouga (Kangaba). Au cours de cette manifestation, les leaders des Associations des membres de la Coordination ont exigé qu’une enquête soit diligentée sur les causes du conflit entre ces deux villages et le renforcement des dispositifs sécuritaires dans la zone de plus en plus en proie aux agressions et violences armées.

Cette manifestation a rassemblé des centaines de jeunes venus des 9 communes du cercle de Kangaba, à savoir : Balan Bakama, Benkadi, Kaniogo, Karan, Maramandougou, Minidian, Naréna, Nouga et Séléfougou ; ainsi des cercles de Kita, Bafoulabé, en passant par Sélégué, sur l’esplanade de l’hôtel de Mandé.
C’était en présence des cadres et personnalités ressortissant de l’espace Manding, dont : l’ancien directeur national des routes, Mamadou Naman KEITA et Modibo DIABATÉ, tous membres du Grand Forum du Mandé ; Madou KANTE, président des orpailleurs du cercle de Kangaba ; Madou KOUYATÉ, représentant des griots du Mandé, etc.
Rappel
Le mardi 10 janvier 2023, deux villages situés dans la commune de Nouga (Danga et Tombola), cercle de Kangaba, ont été endeuillés par la mort de plus d’une quarantaine de personnes et plusieurs blessés à la suite d’un affrontement sanglant.
A l’origine du différend, un litige autour d’un site minier dénommé Antenne Kôrô’’ dont les deux villages revendiquent la propriété. Selon les estimations, ledit site regorge d’importantes quantités d’or et attise de ce fait la convoitise des habitants.
Au cours d’un meeting qui s’est tenu le vendredi 10 février 2023 à Kangaba, les populations du Mandé ont déploré le silence des autorités après le drame, le manque d’initiative pour apaiser le climat entre les deux villages, mais aussi pour rétablir la justice.
Ils crient ainsi à la non-assistance à personnes en danger.
Pour introduire les débats, Madou Kouyaté, grand griot de son état, a affirmé que cette mobilisation n’est pas contre les autorités, mais visait à dénoncer leur indifférence après les événements de Nouga.
«Ici au Mandé, il n’y a pas de sécurité, nous voulons la sécurité dans le Mandé, les représentants de l’Etat ne s’assument pas. Dans toutes les zones minières, il y a des tensions », a-t-il dénoncé.
« Nous sommes dans l’insécurité totale aujourd’hui, que le gouvernement se rappelle du cercle de Kangaba car nous avons besoin de leur concours pour le développement de l’espace », a-t-il indiqué.
Une première dans le Mandé
Selon lui, cette rencontre vise à dénoncer les faits, comme l’a dit le président.
Le représentant de la Commune de Minidjan, Seydou SOGORE, a affirmé que cette manifestation qui a mobilisé l’ensemble des représentants de la jeunesse est une première dans la Mandé.
« Les affrontements entre les villages de Danga et Tombola ont fait plus d’une quarantaine de morts et plusieurs blessés. Malgré ce bilan macabre, aucune autorité n’est venue présenter ses condoléances au nom du gouvernement. J’interpelle le gouvernement sur l’existence de Mandé », a déploré le président de la jeunesse de Kaba, Seydou SOGORE, avant d’inviter les jeunes à rester mobiliser.
Selon lui, la jeunesse du Mandé estime avoir été laissée pour compte par les autorités de la transition face au drame, tout en rappelant le président de la transition sur son fameux adage disant : « Si j’échoue, c’est la jeunesse malienne qui a échoué ».
Quant à Naman KEÏTA, président de la jeunesse du cercle de Kangaba, il a appelé la jeunesse du Mandé à s’unir pour ne former qu’une seule entité.
« Aux autorités d’assurer notre sécurité », a-t-il exigé.
Dans la déclaration de volonté commune pour la culture de la paix, la cohésion sociale et le développement économique du cercle de Kangaba, le président de la Coordination des Jeunes du Mandé (CJM-Mali), Sékou KEÏTA, a réitéré leur volonté commune à conjuguer leurs efforts pour cultiver la paix, renforcer la cohésion sociale et relancer le développement économique du cercle de Kangaba.
Les engagements
À travers ce mémorandum fait par la Coordination des Jeunes du Mandé (CJM-Mali) et le Conseil Local de la jeunesse du Cercle de Kangaba , (CLJK), ils se sont engagés entre autres à réaliser les échanges avec les représentants de l’Etat, les chefferies traditionnelles, les autorités communales, les personnes ressources et l’ensemble des jeunes du cercle de Kangaba pour tracer une ligne directrice, des conduites à tenir, des activités à réaliser pour un retour aux valeurs fondamentales du mandé tout en respectant les textes de la République du Mali ; cultiver et mettre en œuvre des conduites de non-violence, des pactes communautaires de non-agression et l’entraide sociale entre les jeunes du cercle du Mandé.
Elle entend aussi s’impliquer auprès des autorités administratives et communales pour assurer le respect strict des textes qui régissent la gouvernance du cercle et les communes ; dénoncer aux autorités compétentes les personnes détenant illégalement des armes de guerre dans le cercle de Kangaba ; dénoncer tout acte déplacé ou tentative de corruption des populations et des représentants de l’État dès lors que les effets peuvent porter atteinte à la quiétude des populations.
Griefs contre la
gouvernance
Dans le but d’améliorer la gouvernance de ce vaste espace manding, la Coordination s’engage à contribuer aux actions de promotion pour l’érection de l’espace en trois régions administratives (Siby, Kangaba et Sélingué) et de former et sensibiliser les populations sur les thématiques de la paix et du développement économique.
En outre, les responsables de la coordination ont réclamé auprès des autorités une meilleure gouvernance administrative et judiciaire ; l’ouverture et la diligence d’une enquête sur les causes des différents conflits liés à l’exploitation minière dans l’espace Manding afin de situer les responsabilités, procéder au désarmement rapide de tous les ‘’Tombolomas’’ (groupe de sécurité local) détenant des armes de guerre et l’éradication de la prolifération des armes de guerre dans le cercle.
La coordination a invité les autorités à l’érection du Cercle de Kangaba en région administrative eu égard à son histoire et à ses potentialités et comprenant les autres localités de l’espace Manding, tel que : Siby, Kangaba et Sélingué, voire Bafoulabé, etc.
A défaut, la coordination exige l’érection de l’espace en trois régions administratives tel que : Siby, Kangaba et Selingué.
Une autre préoccupation et pas la moindre, la Coordination recommande le renforcement des dispositifs sécuritaires dans l’espace Manding de plus en plus en proie aux agressions armées majeures.
Par Abdoulaye OUATTARA

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *