Le chérif Mohamed Ould Cheicknè HAIDRA dit Bouyé, a exigé ce jeudi 17 novembre la suspension du projet Yellen à Nioro du Sahel abordant notamment la question de l’homosexualité aux élèves dans une zone où le sujet est tabou en raison de la forte influence des religieux. En attendant des clarifications des autorités, l’un des acteurs du projet pense qu’il s’agit d’incompréhension. Car à sa connaissance, le projet n’est pas compromettant.

D’un ton colérique, après avoir donné son quitus la semaine dernière pour la mise en œuvre du projet Yellen qui serait financé par le Canada, le Guide des Hamallistes a convoqué des responsables de l’initiative en les intimant de suspendre son exécution, selon des sources locales.
« Des responsables de l’éducation et de la santé de la ville de Nioro sont allés voir le chérif de Nioro pour lui expliquer le problème Yellen. D’après leur explication, le projet porte sur deux volets en occurrence la santé de la reproduction et l’éducation. C’est sur cette base que Bouyé a donné son quitus au projet avec l’assurance que son contenu ne porte pas préjudice aux valeurs religieuses du pays », a rappelé l’une de nos sources.
Dans la mise en œuvre du projet, il a été rapporté au Chérif de Nioro que le contenu de ce programme dans les établissements d’enseignement secondaire de la ville fait la promotion de l’homosexualité. Certains font croire que le contenu dudit projet s’oppose à des valeurs de notre pays.
« Se sentant trahi, le Chérif de Nioro a alors décidé au cours d’une réunion tenue aujourd’hui (NDLR ce jeudi 17 novembre) de suspendre la mise en œuvre du projet Yellen. Il n’est pas question pour lui de faire la promotion des pratiques allant à l’encontre des valeurs de l’islam », nous a rapporté un participant à cette rencontre. L’on apprend que le Chérif a informé le gouverneur de Nioro de sa décision.
Cependant, l’un des acteurs de ce projet joint par nos soins a estimé qu’il y a certainement des incompréhensions sur le projet qui a été approuvé par les autorités maliennes.
« À ce stade, je ne peux pas communiquer sur ce projet. D’abord, on a une réunion avec le gouverneur demain (NDLR Aujourd’hui). Ensuite, je suis nouvellement venu à Nioro alors que ce projet existait », a indiqué notre interlocuteur qui est toutefois persuadé de la nécessité de donner des clarifications.
« Mais, on ne peut pas exiger une communauté à adhérer à un projet », a-t-il déclaré, tout en soupçonnant des gens d’avoir apporté des mauvaises informations pour manipuler ou tromper le Chérif de Nioro. Sinon, a-t-il rassuré, il n’y a rien de compromettant dans ce projet.
Pour lui, l’essentiel du projet est axé sur la santé et a permis de faire de grandes réalisations dans ce domaine.
« Le projet a donné des ambulances à tous les districts sanitaires, plus de 140 ambulances motos, réalisé des forages », a précisé notre interlocuteur.
Outre Nioro, il a affirmé que le projet intervient dans toute la région de Kayes. Cette information est corroborée par la note descriptive du projet Yellen sur le site du gouvernement du Canada.
Dans ce document, le projet Yellen ‘‘lumière’’ en Bamanankan vise à permettre aux femmes et adolescentes de Kayes, l’une des régions les plus pauvres et les moins bien desservies du Mali, de bénéficier de services de santé de qualité, d’améliorer leurs connaissances sur leur santé et leurs droits sexuels et reproductifs et d’augmenter leur pouvoir décisionnel et leur capacité d’agir sur ceux-ci.
Les activités du projet comprennent : l’appui au ministère de la Santé et des Affaires sociales dans la mise en œuvre du Programme de développement sociosanitaire, plus précisément en ce qui concerne l’amélioration de la santé et des droits sexuels et reproductifs; la formation et l’octroi de ressources aux travailleurs de la santé afin qu’ils livrent des services de qualité répondant aux besoins spécifiques des femmes et des adolescentes; la construction et la réhabilitation de centres de santé communautaires et la fourniture d’équipement et d’intrants pour la livraison de services de santé sexuelle et reproductive, dont la planification familiale et les soins obstétricaux d’urgence. Le projet vise à atteindre plus de 540 000 femmes et adolescentes.

PAR SIKOU BAH

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