« À chaque jour suffit sa peine… ». Cette citation sied bien à l’état actuel du Mali au regard de la situation de plus en plus complexe, voire inextricable dans cette patrie du territoire du Bon Dieu. On peut se demander sans aucun parjure si Jésus a bien fait de dire à ses disciples de ne pas s’inquiéter « du lendemain ; car le lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine » (Matthieu, 6:34). En effet, il est déplorable de constater qu’à un an de la fin de la transition, le plan de sortie du Cadre des partis et regroupements des partis politiques est toujours centré sur le Premier ministre, Choguel Kokalla MAIGA, qui revient sur la scène après un « congé forcé » de trois mois pour des raisons de santé.
Faut-il faire face aux difficultés d’aujourd’hui sans s’inquiéter de celles que peut réserver l’avenir ? Car, les jours y passent et s’y ressemblent à s’y méprendre au cycle vertigineux de l’enchevêtrement des affaires et des épreuves, plus douloureuses et plus mortifères les unes que les autres. Pourvu de pouvoir tenir ses nerfs, on y voit défiler le cocasse et le pathétique comme dans le neuvième cercle de l’Enfer de Dantès.
Dans un contexte où il est difficile d’apercevoir le nuage dégagé, le combat politique ne s’affaiblit pas, au contraire s’intensifie et les occasions heureuses ou dramatiques sont exploitées pour dresser un tableau peu reluisant de la gestion de la Transition. Et pour une sortie de crise, Choguel MAIGA est l’agneau coupable, selon le Cadre des partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel. Il faut alors le sacrifier.
Dans son document de propositions remis à Abdoulaye MAIGA, intérimaire, le Cadre, en plus d’exiger le respect du délai de la transition, réitère sa demande de nomination d’un « Premier ministre non partisan, consensuel, compétent, intègre et ayant une connaissance avérée des dynamiques politiques, économiques et sécuritaires du pays, et ce conformément à la Charte de la Transition ».
Accusé d’être au centre d’une cabale contre les acteurs du mouvement démocratique, d’adopter une ligne dure contre des partenaires, l’absence de Choguel Kokalla MAIGA, à cause d’un repos forcé pour motif sanitaire, n’a pas pourtant été l’occasion pour la transition de changer le cap. Au contraire, la ligne a été maintenue. La preuve, après la désignation du Premier ministre par intérim, Abdoulaye MAIGA, il a, lors d’une adresse, clarifié que c’est la poursuite de l’action gouvernementale et de la continuité du Plan d’action gouvernementale adoptée par le CNT en août 2021. Celle-ci est d’ailleurs conforme à la feuille de route du Président de la Transition.
Et pour la défense de cette ligne ‘’souverainiste’’, le Premier ministre par intérim est allé tenir un discours ‘’violent’’ pour certains et de ‘’vérité’’ pour d’autres lors de la dernière Assemblée générale des Nations unies.
Moussa MARA est l’un des responsables politiques du pays à avoir donné son opinion sur le discours du Premier ministre par intérim. Au même moment, les politiques girouettes prenaient le pouls populaire avant d’agir.
Également, pendant les trois mois d’absence de Choguel Kokalla MAIGA, qu’est-ce qui a évolué positivement dans la gestion des affaires, des différentes crises et des relations dégradées avec nos partenaires (la France et la Côte d’Ivoire). D’ailleurs, le Cadre dans sa déclaration tenue le samedi 26 novembre dernier reconnaît : l’isolement du pays au plan international, la cherté de la vie, l’insécurité grandissante, les menaces sur la liberté d’expression…
Face à ces préoccupations et ressassé un nouveau gouvernement plus inclusif, le Cadre des partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel laisse planer son ambition de « chercheurs de place ».
En ce moment, ils soufflaient dans la même trompette que la dissidence du M5-RFP Mali-Kura, constituée de ceux qui n’ont pas eu à manger ou qui n’ont pas apprécié leur part de gâteau. Pour ces frustrés, il y a quelques mois, Choguel était l’homme de la situation et qu’ils défendaient avec véhémence. Qu’est-ce qui a changé entre-temps ? La gestion du pouvoir ? À moins que ce ne soient les appétits insatisfaits de certains politiciens qui veulent nous enfariner après nous avoir floués avec IBK.
Sans être un saint, les positions souvent très tranchées du Premier ministre sur certains sujets lui ont fait des ennemis. Mais vouloir faire de lui le problème de la transition se relève d’une cabale contre sa personne.
PAR SIKOU BAH