L’avenir du grand Mali va-t-il se jouer une fois encore au grand nord où séparatistes vont s’appuyer sur des barbus aveuglés par la charia pour faire avancer leur dessein : la partition du Mali ? A moins de 100 jours du 10e anniversaire de la proclamation de l’État mort-né de l’Azawad, des grandes manœuvres en cours à Kidal inquiètent plus d’un. Outre, la fusion annoncée de ces composantes, la CMA a réussi la prouesse de faire déplacer à Kidal tous les diplomates qui comptent à Bamako pour une séance d’explication dont elle sort auréolée. Le One man show en absence de l’État du Mali se voulait annonciateur de frayeur au regard des principales résolutions et des présences remarquées. Tous les durs étaient là. Et la « communication » a été maitrisée de bout en bout. Faut-il avoir peur ou concéder à la CMA sa duplicité habituelle ?

Ce mercredi 1er février 2023, une importante rencontre s’est tenue à Kidal entre la Coordination des mouvements de l’Azawad, les membres de la médiation internationale, le Comité de suivi de l’accord et des représentants des membres Conseil de sécurité des Nations Unies.
Sous le format d’une mission de « Bons offices», la délégation qui comportait également des Haut Représentants d’institutions Internationales et sous régionales (ONU/MINUSMA, UA, CEDEAO et l’UE) et du Centre Carter/ Observateur Indépendant pour l’APR, se fixait comme but principal, selon Attaye Ag Mohamed, de mieux s’imprégner de la situation d’arrêt depuis plusieurs semaines de tous les Mécanismes d’interactions autour de l’Accord d’Alger et dont le dénouement dépendra inconditionnellement des résultats d’une réunion réitérée par la CMA et la Plateforme avec la médiation internationale en terrain neutre.
A moins que les représentants de la médiation internationale, de la communauté internationale, régionale et sous-régionale aient décidé, le fusil sous tempe à Kidal, de concéder à la CMA une légitimité internationale dont elle n’a jamais eue, alors on voit mal s’il peut y avoir de problème.
L’objectif de tous, étant la mise sur les rails du processus de paix, les rencontres de ce genre, au lieu d’être suspectes, doivent être même encouragées… Tant qu’elles permettent de crever l’abcès et de faire avancer le processus de paix dans la bonne direction.
Plusieurs sujets ont dominé cette rencontre. Un nombre très restreint de journaliste a couvert l’événement. Et surtout les réseaux sociaux des morceaux d’informations sont partagés par des responsables et membres de la CMA. Conformément à ces informations, nombre des principales préoccupations évoquées par la CMA, on peut noter entre autres :

Fuite en avant
1- l’insistance de la coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) sur la tenue d’une rencontre entre la médiation internationale et les parties signataires dans un lieu neutre, rencontre à la demande de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), et le cadre stratégique permanent (CSP) concernant l’avenir de l’accord. Une initiative à laquelle, la CMA tient mais qui va l’encontre de toute approche d’inclusion à la recherche de solution. Quelle est la finalité d’une réunion entre des groupes armés et la médiation internationale sans l’Etat. S’il s’agit de l’accord son sort doit être discuté en présence de toutes les parties prenantes.
On peut tout reprocher aux séparatistes sauf qu’ils ne sont pas rompus dans l’art de la négociation et de la surenchère. Pour contourner la difficulté de pourvoir aux 13.000 postes mis sur la place de l’État qui demande l’enrôlement biométrique, la CMA prend le prétexte de l’absence du ministre de la réconciliation à une réunion du Comité de suivi de l’Accord pour créer le blocage en suspendant sa « participation au mécanisme de suivi de l’Accord de paix inter-malien, jusqu’à la tenue d’une réunion avec la médiation internationale dans un terrain neutre ».
Les indépendantistes adoubés par les souverainistes de la Plateforme mettent en avant « l’absence de volonté politique des autorités à appliquer l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du Processus d’Alger signé en 2015 ».

Le fourre-tout argumentaire ne trompe personne, c’est pourquoi, la médiation internationale, répondant à la requête de la CSP-PSD du 10 décembre 2022 de tenir une réunion dans un lieu neutre, estimé que le Comité de suivi de l’Accord constitue « un cadre idoine permettant de procéder aux évaluations requises et de convenir des actions concrètes à entreprendre pour faire avancer la mise en œuvre de l’accord que le comité de suivi de l’accord devrait être le seul cadre de discussions de l’accord ».
Aussi, la CMA est-elle consciente qu’en l’espace d’un mois, la médiation internationale avec à sa tête l’Algérie ne va pas se dédire et lui offrir sur un plateau de caviar sa rencontre en terrain neutre. Et du côté des autorités, c’est plutôt la mort que la honte ; car c’est serait accepter de traiter d’égal à égal avec les séparatistes et consacrer du coup la partition du pays au moment où l’on parle de souveraineté retrouvée.
Point d’alternative
2- L’invitation par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) adressée à la communauté internationale et la médiation internationale à choisir entre « assurer la mise en œuvre de l’accord et les relations bilatérales ».
A cet égard les responsables de la CMA n’ont pas fait dans la diplomatie pour rappeler que l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger a été signé par la Coordination des mouvements de l’Azawad après les pressions et les garanties de la communauté internationale. Selon Bilal Ag Achérif, «si la communauté internationale ne peut pas imposer au Mali à mettre en œuvre l’accord d’Alger de 2015, elle doit réfléchir à une autre solution, et nous ne pouvons pas rester dans cette situation car elle a duré très longtemps ».
Quelle que soit la tonitruance de cette déclaration plus que tapageuse, elle ressemble plus à de la pantalonnade qu’à des fortes résolutions de la part des leaders de la CMA, dont la majorité vit plus à Bamako qu’à Kidal. Encore une fois, la boussole de la Médiation internationale ne convient apparemment pas à la CMA, estime que le Comité de suivi de l’Accord constitue « un cadre idoine permettant de faire avancer la mise en œuvre de l’accord (et) que le comité de suivi de l’accord devrait être le seul cadre de discussions de l’accord ».
Quelle autre solution, les séparatistes veulent que la médiation invente ? A moins que tout ce qui n’est pas indépendance de leur Azawad ne constitue pas pour eux (de la CMA) une avance de la mise en œuvre de l’Accord…

Complainte mensongère
3. L’affirmation par la coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) selon laquelle l’administration de n’importe quel pays suppose que nous avons la même empathie pour tous les citoyens sans aucune discrimination (en référence aux massacres des habitants de Ménaka, et d’Ansongo sans aucune réaction de l’état malien).
Dans son intervention, le président de la société civile à Kidal, M.Al-Tayob ag Intalla a évoqué les problèmes de la ville, selon des sources. Il a mis le doigt notamment sur le manque d’infrastructures telles que les routes goudronnées, l’eau potable, l’électricité. Le président la société civile a aussi fortement dénoncé les prix élevés à cause l’enclavement de la ville puisqu’elle n’a pas de débouchés maritimes ou aériens.

Sortons des accusations puériles. Depuis quand les populations de Ménaka et Tessit sont massacrées dans le silence assourdissant de l’Etat. Les Mouvements de la Plateforme étaient sur le terrain depuis mars 2022 contre l’EIGS, mais où étaient ceux de la CMA ? Ils étaient très rares sur le terrain, mais très médiatisé donnant l’impression être les seuls à combattre les terroristes.
Cependant, suite à l’insécurité grandissante dans la région de Ménaka, en juin 2022 les autorités militaires ont renforcé les capacités opérationnelles des FAMa dans la région.
En août une opération aéroportée a permis aux FAMa de chasser l’ennemi à plusieurs kilomètres. Après plusieurs attaques terroristes qui ont nécessité l’intervention des FAMa en association avec la coalition (GATIA / MSA) dans la région de Ménaka, les autorités militaires ont décidé de renforcer les capacités opérationnelles des Forces de défense et de sécurité basées dans la région.
Une longue colonne de véhicules militaires et d’armes sophistiquées est arrivée dans la ville de Ménaka le 12 juin 2022 sous la grande satisfaction des populations.
Lors de la célébration du 62e anniversaire du 20 janvier, le Colonel Issa Bagayoko, commandant du secteur 1 de l’opération Maliko, a estimé qu’à côté de l’acquisition de beaucoup de matériels de guerre dont la plupart était des aéronefs, les FAMa ont fêté le 20 janvier 2023 sous la couronne d’un succès considérable contre les groupes armés terroristes (GAT). En une année d’opération militaire, les Forces Armées Maliennes (FAMa), à travers l’opération Maliko ont neutralisé plus de 250 terroristes dans les régions de Goa et de Ménaka, interpelé plus de 200 autres et détruit plusieurs sanctuaires terroristes avec d’important plots logistiques.
Quels sont les chiffres des opérations menés sur le terrain par la CMA ?
Incohérence séparatiste
Les Mouvements CMA qui avaient décidé de ne pas participer au comité chargé de finaliser le projet de Constitution estiment par la voix du chef des tribus d’Adagh, Mohamed Ag Intalla, amenokal de Kidal ne pas reconnaitre les soldats qui ont pris le pouvoir à Bamako : «nous ne reconnaissons pas les soldats qui ont pris le pouvoir à Bamako, et nous ne recevons pas d’ordres d’eux, car nous ne sommes pas leurs soldats et maintenant il font ne pas permettre à Mnusma de recevoir des demandes de voyage pour les Azawadien».

Pour ton respect dû à ton rang de vénérable Amenokal, qui jusqu’à une période récente était nationaliste, même député à l’Assemblée nationale, faut-il simplement rappeler à Mohamed Ag Intalla que la cohérence voudrait qu’il aille jusqu’au bout en appelant aussi ses «sujets » à quitter le gouvernement des soldats qui ont pris le pouvoir à Bamako et qu’il dit ne plus reconnaitre. Sous le débordement des faucons ?
En tout cas, on ne peut pas vouloir le beurre et l’argent du beurre. Quand on ne reconnait pas un régime, on n’accepte pas de rentrer dans son gouvernement. C’est pourquoi nous estimons que le processus de paix même avec ses délations incendiaires devant les caméras pour faire le brave, n’est pas encore arrivé au point de non-retour.

Au regard de la gravité des propos et de la tension perceptible quant à la mise en œuvre de l’Accord, les diplomates exprimant leur crainte d’un enlisement, ont proposé, selon des sources, à la Coordination des mouvements de l’Azawad une réunion de médiation élargie au cours de laquelle des points évoqués ci-dessus seront mis sur table et discuter afin d’aboutir à des compromis satisfaisants pour les toutes les parties. Mais aucune date et aucun lieu n’ont été indiqués.

PAR SIKOU BAH

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