Le lot des partis politiques et des organisations de la société civile opposés à la rédaction d’une nouvelle Constitution ne cesse de s’agrandir. Le parti Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (FARE AN KA WULI) de l’ancien Premier ministre Modibo SIDIBÉ vient de dévoiler son opposition à cette initiative du Président de la transition. À travers un communiqué signé par son secrétaire général, Bréhima N SIDIBÉ, le parti FARE AN KA WULI demande au Président de la transition d’abandonner le projet de nouvelle Constitution en cours et l’invite à reprendre l’initiative en créant les conditions d’inclusivité autour des forces politiques et sociales pour une refondation réelle du Mali en crise.
Le secrétaire général a rappelé que le 26 juillet 2022, au CICB, le parti Fores alternatives pour le renouveau et l’émergence (FARE AN KA WULI) a répondu à l’initiative du Président du comité d’experts mis en place par le Président de la transition pour la rédaction d’une nouvelle Constitution. À travers ce geste républicain et de courtoisie, dit-il, le parti espérait avoir, à cette occasion, des réponses à des questions précises en lien avec la démarche de rédaction d’une nouvelle constitution, celle que voulu par le Président de la transition.
Il s’agit, entre autres, des interrogations suivantes : pourquoi une nouvelle constitution ici et maintenant ? Quelles sont les motivations réelles à rédiger une nouvelle constitution ? Quelle vision politique sous-tend cette démarche et pour quels objectifs ? Les autorités de la transition sont-elles fondées à réviser la Constitution dans le même schéma des trois tentatives passées, a fortiori rédiger une nouvelle Constitution d’autant plus que celle de 1992 ne prévoit aucune disposition relative à sa dissolution par une nouvelle ?
« Jusqu’à ce jour, le parti FARE AN KA WULI n’a pas reçu de réponses concrètes à ces préoccupations légitimes qui sont également celles d’une frange non négligeable de nos compatriotes. Le parti FARE AN KA WULI estime que toute révision de la Constitution actuelle devrait être éliminée et rigoureusement encadrée selon les dispositions déjà prévues », affirme le parti de l‘ancien Premier ministre Modibo SIDIBÉ.
Par ailleurs, le parti rappelle que l’article 118 de la Constitution dispose que « l’initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au Président de la République et aux députés. Le projet ou la proposition de révision doit être voté par l’Assemblée nationale à la majorité des deux tiers de ses membres. La révision n’est définitive qu’après avoir été approuvée par référendum. Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire, à la forme républicaine et la laïcité de l’État ainsi que le multipartisme ne peuvent faire l’objet de la révision ».
Pour le parti FARE, la Constitution du 25 février 1992 est au-delà d’une loi, un symbole, est la résultante des combats pour la démocratie de notre peuple durant des décennies. Une Constitution qui est le produit des luttes sociales et politiques, le fruit de la nouvelle dynamique interne de notre société marquée par le rejet des régimes de parti unique.
Le parti FARE AN KA WULI a la ferme conviction que nul ne s’avise à compromettre les acquis de ces combats. C’est pourquoi son remplacement ou sa révision doit être motivée, justifiée et en vue de recueillir l’approbation légitime du peuple souverain.
C’est pourquoi le parti FARE demande au Président de la transition d’abandonner le projet de nouvelle Constitution en cours et l’invite à reprendre l’initiative en créant les conditions d’inclusivité autour des forces politiques et sociales pour une refondation réelle du Mali en crise.
En octobre 2022, l’ADEMA-Association avait ouvert le débat sur le thème : « Que faire de la constitution du 25 février 1992 : révision ou nouvelle constitution ? ».
Lors de cette conférence-débat à la Pyramide du souvenir, l’ancien Premier ministre, Modibo SIDIBE, avait soutenu qu’au Mali il nous manque des visions.
Selon lui, on ne demande pas à une équipe d’experts d’écrire la Constitution.
« Même s’ils font quelques écoutes, à la limite, il doit y avoir des équilibres entre eux, mais où est la vision ? C’est le politique qui donne la vision. Il y a une vision qui est sortie des Assises nationales de la refondation (ANR) ? Je ne crois pas. On ne peut pas avoir 13 thématiques et autant de sous-thématiques et dire que vous faites de la refondation. Ce n’est pas possible. Donc, je crois encore une fois que la question fondamentale, l’avant-projet, notre parti se prononcera sur cette question. Je voudrais ici insister sur le fait que l’action de refondation est une action de longue durée et qu’on doit être d’accord sur le pourquoi de la refondation et le comment de la refondation », s’était-il défendu lors de cette conférence-débat.
De l’avis de Modibo SIDIBÉ, l’accent doit être mis sur le débat public.
PAR MODIBO KONÉ