Lors de son point de presse quotidien du lundi 14 août, le porte-parole du secrétaire général des Nations unies a affirmé qu’en règle générale, « la Mission de maintien de la paix des Nations Unies au Mali ne peut transférer ses installations qu’à l’État malien ». Une déclaration qui doit trancher la polémique suscitée par le retrait de la MINUSMA dont les installations doivent être transférées à l’État malien. Mais contre toute attente, cette rétrocession est contestée par les groupes rebelles.

Les Nations unies ont été formelles et sans équivoque, le lundi 14 août, sur la rétrocession de leurs installations dans notre pays alors que celle de Ber dans la région de Tombouctou a réveillé les vieux démons des hostilités entre les forces armées et des mouvements armés signataires de l’Accord pour la paix.
Demandant que le transfert des camps à rétrocéder se fasse sur la base des positions qui prévalaient sur le terrain au moment de la signature du cessez-le-feu intervenue le 23 mai 2014 grâce à la médiation de la Mauritanie, le porte-parole du secrétaire général des Nations unies rappelle à la CMA la légitimité de l’État malien à y occuper après le départ de la mission onusienne sur demande de la transition.
En règle générale, « la Mission de maintien de la paix des Nations Unies au Mali ne peut transférer ses installations qu’à l’État malien », a déclaré le responsable onusien, en soutenant que « chaque fois que la MINUSMA quitte un camp, il est demandé au représentant désigné des autorités maliennes d’attester de l’état du camp et des installations et également de confirmer que nous avons rempli nos obligations environnementales ».
Conformément à ce principe, le camp de Ber a été transféré aux FAMas et est occupé par les soldats de notre pays après de violents affrontements contre les groupes armés rebelles opposés à cette approche des Nations unies. Après avoir subi des revers des FAMa, les ex-rebelles qui se préparent à la reprise de ce camp stratégique, vraisemblablement pour mener des activités illites, accusent les Nations unies d’être partielles.
« Nous tenons les Nations unies pour responsables des conséquences de la remise aux forces onusiennes de ses bases militaires dans les régions du nord à l’armée gouvernementale, pas les mouvements », a déclaré Bilal Ag Chérif, secrétaire général du MNLA membre de la CMA.
Toujours motivé et animé d’une volonté de partition du Mali dont le caractère indivisible est consacré dans l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, Bilal Ag Chérif a indiqué qu’ils n’accepteraient pas « un nouveau déploiement des FAMa dans les zones sous notre contrôle en dehors du cadre d’un accord organise en ce moment son retrait en coordination avec le Mali sans concertation avec les mouvements de l’Azawad ».
Or, les propos des Nations unies sont sans équivoque. Le porte-parole de Antonio GUTERRES souligne qu’ils sont en « pourparlers avec les autorités maliennes sur un projet d’accord qui régira le transfert des camps de maintien de la paix de l’ONU ».
Suivant la logique de la CMA, l’objectif est de limiter la présence des FAMa sur plusieurs parties du territoire national tout en créant des zones de non-droit comme par le passé où pour y accéder il faut être autorisé par les sécessionnistes. Cependant, un État doit exercer la plénitude de sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire comme soutenu par les Mouvements de l’inclusivité dans un communiqué signé le 12 août. Ceux-ci ont déclaré ceci : « le Mali étant un État souverain (…) a tout à fait le droit d’occuper systématiquement les emprises libérées par la MINUSMA pour poursuivre et renforcer la lutte contre le terrorisme et la sécurisation du pays ».
En effet, alors que le retrait de la MINUSMA se poursuit, la mission onusienne a aménagé 13 sites répartis comme suit : secteur Nord (Kidal, Tessalit, Aguelhoc) ; secteur Sud (Bamako) ; secteur Est (Gao, Ménaka, Ansongo) ; secteur Ouest (Tombouctou, Ber, Diabaly, Goundam), secteur Centre (Mopti-Sévaré, Douentza).
Contrairement à la version de la CMA se cachant derrière l’accord de 2014, pour le Mouvement de l’inclusivité l’occupation par les FAMa « des anciennes emprises de la MINUSMA ne peut être assimilée à une violation d’un quelconque cessez-le-feu ni justifier un comportement de quelque nature belliqueuse ».
Précipitant son retrait de ce camp objet de convoitise entre les FAMa et la CMA, la MINUSMA a invité les différents acteurs à s’abstenir de tout acte qui pourrait davantage compliquer l’opération. De même, il représente un danger pour l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, préviennent plusieurs sources.
A cet effet, sous prétexte de la violation de l’accord de 2014, la CMA douée à la manipulation s’est déjà inscrite dans le reniement de l’Accord en mobilisant des enfants et des femmes à Kidal pour dire que c’est la fin de l’Accord.
La reprise des hostilités était prévisible depuis quelques mois avec la détérioration de la confiance entre les différentes parties signataires de l’Accord. Elle s’est illustrée notamment par l’absence de dialogue officiel et officieux entre les parties, mais aussi par la suspension des travaux du Comité de suivi de mise en œuvre de l’Accord pour la paix (CSA).

PAR SIKOU BAH

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