En vue d’améliorer les revenus de l’État dans l’exploitation des mines d’or par les compagnies multinationales et de permettre une meilleure planification, le gouvernement de transition a pris cette année deux mesures phares : faire l’audit des mines d’or en activité dans notre pays et créer une société minière nationale, dénommée Société de recherche et d’exploitation minérales du Mali (SOREM-Mali SA). La loi créant ladite société a été adoptée par le Conseil national de la Transition (CNT), ce jeudi 17 novembre 2022. Initialement elle aura, comme le précise la loi, pour objectif le développement de nouvelles mines dans le pays, afin d’accroitre les revenus que l’État tirer de ses ressources minérales.
Dotée d’un capital social de 100 millions, elle est chargée de :
– d’acquérir des titres miniers et/ou pétro gaziers ;
– d’entreprendre toutes activités de prospection minière, pétrolière et gazière ;
– d’exécuter des travaux de recherches minières, pétrolières et gazières ;
– d’entreprendre l’exploitation des gisements jugés économiquement exploitables ;
– de procéder à toutes opérations commerciales, industrielles et financières compatibles avec son objet, après avis du ministre chargé des Finances ;
– de prendre des participations dans les sociétés ayant pour objet l’étude, la recherche et l’exploitation, la transformation et la commercialisation des substances minérales.
La création de cette société intervient parallèlement à la décision du gouvernement de la Transition d’ordonner, pour la première fois de l’histoire du Mali indépendant, un audit des mines d’or, principale ressource exploitée de notre pays.
Troisième producteur en Afrique du métal jaune (63,4 tonnes en 2021), il est en effet déplorable de noter que depuis Kankou Moussa l’or peine à briller pour le Mali et les Maliens. C’est pourquoi le gouvernement a décidé, le 11 mai 2022, d’auditer ce secteur ; ce d’autant que régulièrement les rapports du Végal font état d’irrégularités abyssales. Par exemple, celui de 2019 relève « 60,53 milliards d’irrégularités financières dans le secteur minier ».
La réalisation de cet audit permettra au Gouvernement d’avoir plus de visibilité sur les ressources minières en vue d’une meilleure planification pour améliorer les revenus potentiels. Le marché est entièrement financé par le budget national sur l’exercice budgétaire 2022.
Selon des sources, l’initiative de cette opération n’est pas destinée contre une société particulière en occurrence pour exproprier les multinationales canadiennes ou australiennes (Barrick, B2Gold, ou Resolute Mining) au profit de Wagner. L’objectif avoué est d’améliorer la compréhension du secteur par les autorités de la Transition afin, in fine, d’augmenter les recettes de l’État.
Pour rappel, le marché d’audit a été conclu avec le Groupement Iventus Mining et Mazars Sénégal pour un montant d’environ un milliard et pour un délai d’exécution de cent vingt (120) jours.
À l’échéance échue, les tensions montent d’un cran, de même que les spéculations, les manœuvres de coulisses, on peut aisément imaginer toutes sortes de pression sur les autorités de la transition. L’agitation de certains affairistes politico-mafieux et les tentatives d’instrumentalisation du climat socio-politique se lisent à cette aune-là. Il s’agit de créer un climat insurrectionnel afin que le gouvernement oublie l’audit commandité pour que l’or du Mali ne brille jamais pour le Mali et les Maliens.
Affaire à suivre
PAR SIKOU BAH