« Les institutions face à l’effritement des normes d’éthique et des valeurs au Mali » étaient, ce dimanche 26 mars 2023, le thème d’un colloque sur la probable faillite de nos institutions conventionnelles. Initié par la Direction de la Pyramide du Souvenir, en collaboration avec le ministère de l’Artisanat, de la culture, de l’industrie hôtelière et du tourisme, ce colloque s’inscrit dans le cadre de la célébration du 32e anniversaire des événements du 26 mars 1991.
L’ouverture des travaux dudit colloque était présidée par le ministre de l’Artisanat, de la culture, de l’industrie hôtelière et du tourisme, Andogoly GUINDO ; en présence de plusieurs membres du gouvernement ; de la directrice de la Pyramide du Souvenir, Mme Fadima COULIBALY ; de l’ancienne ministre, Mme SY Kadiatou SOW ; de la présidente de la commission d’organisation de la semaine des martyrs, etc.
A l’entame de ses propos, le ministre Andogoly GUINDO a rappelé que notre pays, depuis plus d’une décennie, connaît une crise multidimensionnelle. Pour lui, l’une de ses dimensions est, sans nul doute, la dimension humaine et sociale, vécue à travers l’effritement voire l’écroulement des normes et règles éthiques et morales caractérisant de façon plus que ostentatoire le comportement du citoyen.
«Aujourd’hui l’édifice national semble menacé par des vents nouveaux», a-t-il prévenu.
Face à cette crise identitaire et sociale, à la dégradation continuelle de nos valeurs culturelles ancestrales, le Président de la Transition, Chef de l’Etat, Assimi GOÏTA, dit-il, a instruit le ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme d’élaborer un document référentiel appelé « Charte d’Éthiques et des Valeurs du Mali » qui est un document référentiel inspiré des principes, des us et coutumes ancrés dans les valeurs ancestrales et dans la civilisation universelle.
De nos jours, a-t-il déploré, tout laisse à croire que la famille, la société et même l’Etat abandonnent tout ou partie de leurs prérogatives et devoirs de transmission à la rue, aux masses médias et plus récemment aux réseaux sociaux qui infligent à des jeunes et moins jeunes, laissés à eux-mêmes, des modèles et des normes totalement contraires pour ne pas dire hostiles à nos valeurs sociétales ancestrales.
De manière générale, pour le ministre, cette crise s’explique en grande partie par la faillite des institutions en charge de la transmission des valeurs intergénérationnelles : famille, école, religion, l’Etat, etc.
D’où l’organisation du présent colloque qui porte sur cette probable faillite de nos institutions conventionnelles.
Au cours de cette rencontre scientifique, cinq communications ont été entendues. Elles s’inscrivent toutes dans la continuité de l’élaboration de la Charte d’éthique et des valeurs du Mali.
La première communication, « La Famille face à l’effritement des normes d’éthique et des valeurs au Mali » a été traitée par madame OUATTARA Djénébou KONÉ. Pour elle, aujourd’hui la famille est confrontée à une crise identitaire et sociale caractérisée par l’individualisme et la dégradation continue de nos valeurs culturelles ancestrales.
Afin d’éviter l’effondrement de la société malienne, elle préconise de s’inspirer des principes des us et des coutumes ancrées à la fois dans nos valeurs ancestrales et dans la civilisation universelle.
La deuxième communication, « Fragilité et résilience de l’école face à l’effritement des normes d’éthique et des valeurs », exposée par Moriké DEMBELE, décrypte l’effritement des normes d’éthique et des valeurs observées en milieu scolaire.
Le conférencier a expliqué que l’institution scolaire résistait très peu à l’effritement des normes d’éthique et de valeurs sociales observées dans les autres instances de socialisation comme la famille, l’Etat et la rue. Les raisons évoquées tiennent à la promotion et à la diffusion d’images de la réussite facile ; l’attachement aux biens matériels par l’accumulation ; la marchandisation de la « chose scolaire »; les attitudes et les pratiques affairistes et clientélistes.
La troisième communication, « Religion entre éducation et déviance : quel langage normatif pour le retour à nos valeurs sociétales ? », décortiquée par Adama Diokolo COULIBALY, analyse les concepts de religion et de croyance, les liens entre religion et éducation et la responsabilité des religions dans l’effritement de nos valeurs sociétales.
La quatrième communication, « Les religions face à l’effritement des Valeurs et des normes d’éthiques », expliquée par Birama DIAKON, démontre que la religion joue un rôle ambivalent : construction du lien social mais aussi destruction de la cohésion sociale au Mali.
La dernière communication, « L’éducation à la citoyenneté dans la reconstruction de l’Etat du Mali », exposée par lbrahima DAMA, expose les raisons de la crise de la citoyenneté au Mali.
Le conférencier a souligné l’importance de l’éducation citoyenne dans la refondation de l’Etat malien. Selon lui, elle permettra à l’Etat malien d’avoir des citoyens respectueux des valeurs sociétales telles que le travail ; la discipline ; la solidarité ; le sens de l’honneur ; la séniorité ; le civisme ; le Sinankunya; le Bandenya; le Dambé etc.
Par Abdoulaye OUATTARA