Le Mali, à travers le Syndicat Autonome de la Magistrature (SAM), organise du 20 au 24 février 2023, les travaux de la 26e édition de la conférence annuelle du groupe africain de l’Union Internationale des Magistrats (IAJ-U.I.M). Placé sous le thème : « La protection des droits de l’homme en période de crise », l’évènement regroupe à Bamako pour 5 jours les magistrats venus d’Afrique et du reste du monde. L’Union Internationale des Magistrats (U.I.M) comprend en effet 94 associations, syndicats ou groupements représentatifs qui sont présents sur les cinq continents. Elle bénéficie du statut d’observateur auprès de l’Organisation des Nations Unies.
La cérémonie d’ouverture des travaux étaient présidée, ce mardi 21 février 2023, par le Président de la Transition, le Colonel Assimi GOÏTA, Président du Conseil supérieur de la Magistrature ; au Centre international des conférences de Bamako (CICB).
C’était en présence du Premier ministre, le Dr Choguel Kokala MAÏGA ; du ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Mamoudou KASSOGUE ; du président du Syndicat autonome de la Magistrature, Bourama Kariba KONATE ; des chefs des institutions de la République ; des diplomates et représentants des organisations internationales accréditées au Mali.
On notait également la présence du président de l’Union Internationale des Magistrats (UIM), José Igreja Martin Matos; la présidente du groupe africain l’IAJ-U.I.M, Mme Affoué Marcelle KOUASSI ; des autorités politiques et administratives de la ville de Bamako.
Au cours de 5 jours de travail, a-t-on fait savoir, le thème central retenu pour les présentes assises, à savoir « La promotion des droits de l’Homme en période de crise » sera débattu à travers plusieurs thématiques dérivées en lien avec la lutte contre la corruption et la délinquance financière, le terrorisme, la cybercriminalité, la criminalité transnationale organisée qui sont des menaces qui portent atteintes aux droits humains et à la gouvernance fondée sur l’Etat de droit.
Le SAM, une organisation crédible
Dans son mot introductif, la président du SAM, Bourama Kariba KONATE, a souligné que l’organisation de ce Congrès à Bamako était une symbolique qui atteste la crédibilité et le respect que le Syndicat Autonome de la Magistrature a su forger depuis sa création en 2001 aussi bien au plan national que sur la scène internationale en tant que syndicat en première ligne dans la défense de l’indépendance de la magistrature et du pouvoir judiciaire qui constituent le socle de l’Etat de droit.
Aussi, en synergie avec le Ministère de Justice et des Droits de l’Homme et le Gouvernement, le Syndicat Autonome de la Magistrature est aussi fortement impliqué dans les initiatives visant au renforcement des chantiers portant sur : la Paix et la Sécurité ; la promotion des droits Humains ; la bonne gouvernance ; la promotion de la justice sociale.
De son côté, José Igreja Martin Matos a présenté l’Union Internationale des magistrats (UIM) commela plus grande organisation judiciaire au monde et qui a pour objectif d’assurer l’indépendance de la justice.
Selon lui, la dignité humaine est sacrée et les droits de l’homme sont inaliénables dans un Etat de droit. D’où la nécessité, dit-il, de l’indépendance de la justice pour le respect des droits de tous et de chacun dans la démocratie.
« Nous sommes juges que si nous sommes indépendants, c’est l’ADN de notre profession », a-t-il clamé.
Pour lui, cela est essentiel pour travailler de façon apolitique et impartiale.
A l’ouverture des travaux, le Colonel Assimi GOÏTA, a déclaré que le Mali était honoré de ce choix du Groupe africain d’abriter cette conférence avant de remercier tous les congressistes qui ont décidé de se retrouver ici à Bamako, en cette terre africaine du Mali.
Regard sans complaisance
Selon lui, la problématique centrale au cœur de cette présente rencontre offre l’occasion de jeter un regard sans complaisance sur l’effectivité de la promotion des droits humains dans un Etat de droit, singulièrement lorsque l’Etat doit faire face à des défis qui menacent des pans entiers de sa souveraineté.
«L’Etat de droit ne peut se résumer à l’existence d’institutions dont le rôle est purement théorique », a-t-il plaidé.
Pour lui, il se conçoit par une pratique de tous les jours qui implique pour les pouvoirs publics, l’observance des normes en matière d’éthique et de déontologie.
Du côté des citoyens, a-t-il expliqué, l’Etat de droit exige de leur part une veille permanente qui se traduit par la connaissance de leurs droits et la capacité de les exercer en toutes circonstances, y compris en situation de crise.
De ce fait, le Président s’est dit convaincu que le Pouvoir judiciaire est la pierre angulaire de l’Etat de droit.
C’est pourquoi, a-t-il dit, la promotion des droits de l’Homme n’est pas un effet de mode, encore moins un concept importé dans cette vieille Nation, berceau des grands empires en Afrique de l’Ouest qui, depuis des siècles, a toujours été irriguée dans ses différentes composantes socio-culturelles, par un humanisme qui plonge ses racines dans des normes dont l’une des plus célèbre est la Charte du Mandé ou Charte de Kurukanfuga édictée lors de la fondation de l’Empire du Mali au XIII è siècle en 1236.
Assimi s’engage
«Il me plaît devant cette auguste assemblée de marquer mon engagement, en ma qualité de Président du Conseil supérieur de la Magistrature de veiller à la mise en œuvre de la Loi d’orientation et de programmation du secteur de la Justice pour la période 2020-2024 qui se traduit par une amélioration conséquente des conditions de vie et de travail des magistrats afin que leur indépendance ne demeure pas un simple vœu pieux», a-t-il assuré.
Pour le colonel Assimi GOITA, le Pouvoir judiciaire repose fondamentalement sur l’indépendance de la magistrature qui n’est pas établie pour le confort personnel des magistrats.
L’occasion pour lui de rappeler l’article premier, alinéa 2 du Statut universel du juge élaboré par l’Union Internationale des Magistrats qui stipule : « L’indépendance du juge est indispensable à l’exercice d’une justice impartiale dans le respect de la loi. Elle est indivisible. Elle ne constitue pas une prérogative ou un privilège accordé dans l’intérêt personnel des juges mais dans celui de l’Etat de droit et de toute personne demandant et attendant une justice impartiale ».
Le président GOÏTA a conclu en disant que malgré la crise multidimensionnelle qui affecte le Mali depuis près d’une décennie et dont il se relève progressivement grâce à la résilience de l’ensemble de ses fils, les Autorités de la Transition ont toujours placé au cœur de leur action le respect et la promotion des droits humains, de la justice sociale et de la bonne gouvernance.
Par Abdoulaye OUATTARA