Des responsables du Cadre des partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel ont demandé, le samedi dernier, aux autorités de la transition d’abandonner le projet d’élaboration de la nouvelle constitution dont le processus risque d’empiéter sur le chronogramme des élections en vue de tourner la page du coup d’Etat de 2022.
Des leaders politiques réunis au sein du regroupement dénommé le Cadre des partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel ont animé une conférence de presse, ce samedi 26 novembre 2022, pour partager leur position sur des questions d’intérêt national.
Ce front politique qui a d’ailleurs entamé des démarches constructives auprès des forces vives de la nation et des responsables de la Transition, estime que le contexte n’est pas reluisant.
Regroupant plusieurs partis et organisations politiques, ce collectif, né après le coup d’Etat contre feu Ibrahim Boubacar KEITA, affirme que le front social se dégrade avec les nombreux préavis de grève déposés sur la table du gouvernement ; sans compter que la situation économique se détériore et devient de plus en plus dramatique et intenable pour nos concitoyens.
Outre ces domaines, les responsables du Cadre ont dénoncé la démarche de la Transition sur le plan de la diplomatie qui isole le pays sur la scène internationale alors qu’il est défavorisé pour être un État sans littoral.
En effet, depuis plusieurs mois, les autorités de la transition entretiennent des relations très froides avec certains pays dont la France et la Côte d’ivoire. La situation a conduit notamment au désengagement de certains partenaires techniques et financiers et la suspension de leurs appuis, a regretté le Cadre, ont eu de graves conséquences sur l’économie de notre pays.
« La diplomatie actuelle, menée dans un populisme d’un autre temps, ouvre à chaque occasion de nouveaux fronts de crises comme en témoignent l’affaire des soldats ivoiriens, le discours du Premier ministre par Intérim devant l’Assemblée générale des Nations unies », rappelle le front politique constitué pour l’essentiel des alliés de l’ancien régime.
Profitant de cette sortie médiatique, le Cadre a affirmé sa solidarité avec les employés des Organisations Non Gouvernementales (ONG) opérant sur financement de la France dont les activités ont été interdites par le Mali, la semaine dernière, en réaction de la décision de la France de suspendre son aide au développement à notre pays.
Pour les responsables du Cadre, l’interdiction des ONG sur financement de la France va ajouter une couche sur la situation du chômage.
Selon des chiffres de l’ambassade de la France, ce sont 3 000 emplois directs qui seront affectés par cette décision du gouvernement.
Au plan politique et institutionnel, ce front politique affirme ne pas être rassuré sur la l’approche du gouvernement en arguant que le chronogramme électoral publié ainsi que les réformes politiques et institutionnelles ne font pas l’unanimité, à l’absence de toute démarche inclusive et participative.
Ce chronogramme prévoit la fin des élections générales avec la présidentielle en 2024 afin de tourner la page de la transition mise en place suite au coup d’Etat contre feu Ibrahim Boubacar KEITA.
« Aussi, il y a un certain conflit entre la volonté des autorités de la Transition de changer la Constitution et celle de respecter les chronogrammes électoraux proposés aux Maliens et à la Communauté Internationale », soupçonne le Cadre.
Dans sa volonté d’un nouveau départ sous le slogan « Mali Kura », le gouvernement a ouvert plusieurs chantiers de réformes politiques et institutionnelles. Tout comme la mise en place l’Autorité indépendante pour la gestion des élections (AIGE), l’avant-projet de rédaction d’une nouvelle constitution suscite un grand tollé.
«L’avant-projet qui divise déjà les Maliens provoquera une modification de certaines dispositions de la Loi électorale. Ce qui nécessitera éventuellement un réaménagement des chronogrammes, avec pour conséquence une autre prolongation de la transition», fulminent les responsables de ce front.
En outre, ajoutent-ils, les bases juridiques de l’élaboration d’une nouvelle Constitution en lieu et place de celle de 1992 que le Président de la Transition a juré de respecter et à laquelle est adossée la Charte de la transition, seule source de légitimité du pouvoir actuel ne sont pas remplies.
Sur la Gouvernance et le respect des libertés, le ton s’est durci contre le gouvernement qui, au lieu de renforcer le combat contre les mauvaises pratiques, semble plutôt observer une pause dans cette lutte, s’étonne le Cadre politique.
En effet, chaque jour qui passe, il est fait cas de nouveaux dossiers sans qu’une enquête ne soit ouverte en référence aux dossiers scandaleux comme l’attribution des logements sociaux, de l’attribution des marchés des engrais, de l’attribution des marchés de construction des Commissariats et de l’Académie de police, des recrutements dans l’enseignement supérieur, à la Police, à la CANAM…
Par ailleurs, le Cadre s’est offusqué de la menace sur les libertés démocratiques chèrement acquises qui sont bafouées à travers des arrestations arbitraires et extrajudiciaires de personnalités politiques et administratives, des intimidations, des violations graves de la Loi.
Au-delà des personnalités politiques et administratives, le Cadre des partis et regroupements politique pour le retour à l’ordre constitutionnel, a cité la fermeture injustifiée de Joliba TV News pour, dit-il, de fallacieux motifs et constitue, à ses yeux, une atteinte grave à la liberté d’expression dans le pays.
Dans son document, le front politique formule certaines doléances aux autorités, à savoir : le respect du délai imparti à la transition ; l’abandon du projet de nouvelle constitution, l’organisation des élections présidentielles et législatives sous la responsabilité d’un Gouvernement inclusif de mission ; l’audit du fichier électoral.
Il exige aussi la cessation des arrestations extrajudiciaires, des intimidations et des menaces des personnalités politiques et de retour de celles qui ont été contraintes à l’exil ; la nomination d’un Premier ministre non partisan, consensuel, compétent, intègre et ayant une connaissance avérée des dynamiques politiques, économiques et sécuritaires du pays, et ce conformément à la Charte de la Transition ; la diminution du train de vie de l’Etat ainsi que des salaires et traitements de l’ensemble des Autorités…
PAR SIKOU BAH