Trois ans après la répression meurtrière des manifestations organisées entre les 10, 11 et 12 juillet 2020 par le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces Patriotiques (M5-RFP) contre le régime de feu l’ex-président Ibrahim Boubacar KEITA (IBK), la justice n’a toujours pas été rendue. A défaut, les victimes demandent l’application de la loi de préparation et d’indemnisation votée par le Conseil national de Transition. Le 5 juin dernier, l’anniversaire du mouvement a été célébré sans que le sujet des victimes ne soit suffisamment mis en avant par les leaders du M5, toutes tendances confondues.

Qui a tiré ou a donné l’ordre de tirer ? La question reste en suspens trois ans après les événements du 10, 11 et 12 juillet 2020 lors des manifestations contre le feu président IBK au cours desquelles au moins une dizaine de personnes ont été tuées et une quarantaine de blessés.
A ce 3e anniversaire, les victimes et leurs parents ont à nouveau interpellé ce dimanche 9 juillet les autorités de la transition sur leur sort tout en appelant à la mise en œuvre de la loi de préparation des victimes adoptée par le Conseil national de la transition (CNT).
« Nous saluons l’adoption de la loi sur la réparation des victimes des événements du 10, 11 et 12 juillet 2020. Mais une fois est d’adopter une loi, mais une autre est son application. Nous demandons aux autorités et aux responsables de s’impliquer en vue de la concrétisation de ladite loi », a interpellé Seydou DOUMBIA, le porte-parole du collectif des victimes.
Outre ce texte, il a ajouté que l’Etat avait également fourni à son temps des efforts pour la prise en charge des blessés. Cependant, il a relevé des cas qui nécessitent la reprise de leur opération médicale et ceux qui demandent des évacuations sanitaires sont toujours sans suite.
Les victimes, en ce jour, disent aussi attendre la décision de justice dont les enquêtes ont été ouvertes après les événements.
« Nous souhaitons que la justice soit la plus exemplaire possible afin d’éviter que ce genre d’événement n’arrive plus jamais dans notre pays », a souhaité le porte-parole.
Lors de cette cérémonie, les victimes ont témoigné leur reconnaissance à Ben le Cerveau qui a renoncé à son salaire de membre de CNT au bénéfice des victimes.
« Chaque mois, nous bénéficions du salaire de Ben le Cerveau et nous le partageons entre les victimes. Nous ne cesserons jamais de le remercier pour ce geste de solidarité en faveur des victimes », a-t-il salué.
A l’appel du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), des manifestants protestent contre la gouvernance du président Ibrahim Boubacar KEITA dont certains n’hésitent pas à demander parfois publiquement sa démission.
Ces manifestations, notamment celles qui ont eu lieu du 10 au 12 juillet, ont été marquées par des actes de violence. Les manifestants ont érigé des barricades, occupé, incendié et partiellement pillé des bâtiments publics. Ils sont allés menacer voire attaquer les domiciles de certaines autorités de l’époque.
Au cours de ces manifestations, les forces de sécurité ont fait un usage excessif de la force pour réprimer des manifestations parfois violentes organisées par l’opposition politique lors des trois journées de troubles en juillet 2020 dans la capitale Bamako.
Au moins 14 personnes ont été tuées et plus de 300 autres blessées, parmi lesquelles des manifestants, des passants et des membres des forces de sécurité.

PAR ABDOULAYE OUATTARA

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