La présence militaire française n’a pas permis de restaurer la sécurité au Mali, dit à Sputnik Afrique Fousseynou Ouattara, alors que ce jour marque le début de l’opération Serval il y a 11 ans. Par contre, l’Alliance des États du Sahel, composé du Mali, du Burkina Faso, du Niger, affichent des succès dans la lutte contre le terrorisme.
L’opération Serval a démarré le 11 janvier 2013 pour durer jusqu’à juillet 2014. Rebaptisée Barkhane le 1er août 2014, cette opération militaire française a été interrompue en 2022.
Sputnik Afrique a interrogé Fousseynou Ouattara, vice-président de la Commission de la défense et de la sécurité du Conseil de transition au Mali.
Bilan à faire
«On peut dire que cela fut un bilan très négatif, un bilan qui fut imprégné de beaucoup de désolation parce qu’on a vu que beaucoup de nos villages avaient été dévastés, les camps avaient été attaqués et nos soldats furent très souvent sujets à des attaques terroristes», avance-t-il.
Il évoque les contraintes, imposées, selon lui, sur les forces maliennes : «Nos soldats n’avaient ni la possibilité de se défendre parce que la France nous empêchait de réarmer nos soldats, d’avoir accès à des achats d’armements dont on avait besoin, à des équipements modernes».
À cette période, «l’armée malienne était confinée, était cantonnée et dépendait du bon vouloir de l’armée française». «On en avait marre du mensonge de la France», résume-t-il.
Apparition de l’Alliance des États du Sahel
Par contre, l’Alliance des États du Sahel, créée en septembre 2023, revendique des succès dans la lutte antiterroriste. Composé du Mali, du Burkina Faso et du Niger, elle a parmi ses objectifs l’amélioration de la situation sécuritaire dans la sous-région.
Les armées des membres de l’AES se montrent plus efficaces que les forces françaises lors des opérations Serval et Barkhane, car «c’est notre terre et c’est à nous de la défendre», argumente Fousseynou Ouattara.
«Aujourd’hui, avec la création de l’AES, les trois armées sont réunies et, de façon coopérative, luttent ensemble contre le terrorisme. Donc aujourd’hui, il n’est plus possible à deux groupes terroristes de commettre des forfaits dans un État pour se réfugier dans l’autre», indique le vice-président de la Commission de la défense et de la sécurité du Conseil de transition au Mali.
Il voit même, «dans peu de temps», la fin du terrorisme endémique dans la zone dite des trois frontières.
Échec français
En 2013, le déploiement des militaires hexagonaux a eu lieu en urgence à la demande des autorités maliennes. Cela a été fait afin de stopper l’offensive des groupes armés terroristes vers Bamako.
L’opération barkhane a mobilisé plusieurs milliers de soldats, de 3.000 à 5.000, contre des groupes djihadistes affiliés à al-Qaïda et à l’État islamique.
Au total, 58 militaires français ont perdu la vie.
En août 2022, sur fond du refroidissement des relations entre Bamako et Paris, la France a effectué un retrait du Mali et annoncé la fin de Barkhane.
SOURCE : SPUTNIK