Le Conseil national de transition (CNT) a adopté, ce lundi 20 février 2023, les textes de la nouvelle réorganisation administrative et territoriale de notre pays. L’adoption de ces lois consacre ainsi 19 régions plus le district de Bamako, 156 cercles, 466 arrondissements, 819 communes et 12712 villages, fractions et quartiers. L’objectif de l’adoption de ces lois, selon le gouvernement, est de rapprocher l’administration à la population, de favoriser le développement local à la base, d’améliorer la gouvernance, mais aussi de prendre en compte l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger.
Mais d’ores et déjà, ce projet est dénoncé par la société civile de Gao et de Tombouctou. Dans ces deux régions situées dans le nord du pays, des manifestants ont battu le pavé, en début de semaine, pour exprimer leur colère face à ce projet qui présente, à leurs yeux, des risques d’instabilité.
Dans la cité des Askia, la plateforme des organisations de la société civile «Sauvons Gao », s’est indignée contre la nouvelle réorganisation territoriale.
Pour ce faire, elle a organisé ce mardi 28 mardi février 2023 une marche de protestation dans la ville de Gao.
Dans la déclaration qui a sanctionné la manifestation, et transmise à qui de droit, la Plateforme «Sauvons Gao », estime que « ce projet constitue sans nul doute, une véritable mascarade contre les populations sédentaires de la région de Gao ».
En effet, dans la déclaration, la plateforme des organisations de la société civile dénommée « Sauvons Gao », s’indigne contre le projet portant sur la nouvelle réorganisation territoriale.
Dans la déclaration lue par son porte-parole, Abdoul Karim SAMBA, la Plateforme rappelle que la région de Gao avait affiché son refus catégorique depuis les journées de concertation sur la même question en 2018, ou des dispositions ont été prises pour la non tenue de ces concertations sur l’ensemble de la région.
La société civile se dit victime d’une « imposition d’un découpage inopérant dans un contexte de crise multiforme et multidimensionnelle » sans consultation de la base. Pour cette plateforme, « l’avènement de la transition politique qui a suscité tant d’espoir et qui continue de l’être auprès des populations ne doit point tomber dans le piège de ceux-là même dont la gouvernance a assombri l’espoir ».
Pour les servir, il faut une administration de proximité. Elle est convaincue que « ce projet de découpage tire ses sources d’une époque ancienne » à l’avènement de la volonté du Mali-kura. Cependant, ajoute-t-elle, que ce projet porte des prémisses de déstabilisation du pays et d’un désaccord sans merci du Peuple contre les autorités actuelles.
La société civile estime que ce projet est une « trahison à dessein contre le peuple malien, voulu par des politiques au service recommandé » et ne doit par conséquent « émerger et doit être purement et simplement retiré du circuit afin de sauvegarder la confiance établie entre le peuple et ses autorités ».
« La cité légendaire des Askia, fidèle à ses valeurs ancestrales d’entente et de bon voisinage, ne cédera à aucune portion de son territoire pour des fins inavouées », souligne la déclaration.
En conséquence, la plateforme des organisations de la société civile « Sauvons Gao» demande au Président patriote, le Colonel Assimi GOITA, le retrait pur et simple de ce projet divisionniste de tout le circuit de l’Etat, car ne reflétant pas la vision de refondation enclenchée.
Selon cette plateforme, si le peuple est « le centre de gravité de la transition », « c’est le peuple qui rejette ce découpage en l’état. Il est certain que ce découpage en l’état donnera raison aux ennemis de notre Nation ».
Pour ces organisations de la société civile, les défis qui s’imposent à la transition sont immenses et gigantesques d’où l’intérêt pour les autorités d’y faire face et « d’abandonner de tels projets susceptibles d’établir une trahison et un abandon en plein vol ».
Cependant, tout en réitérant son soutien aux autorités de la transition, la plateforme les invite tout de même à la vigilance pour éviter toute incompréhension pouvant exacerber la haine et la tension entre les populations voire les communautés, toute chose que présente ce projet de découpage en l’état qui en est d’ailleurs une parfaite illustration.
Toujours dans la région de Gao, les populations de Djebock – récemment érigé en cercle – sont très remontées. Elles ont manifesté leur mécontentement contre ce nouveau découpage administratif dans la Commune de Anchawadj, expliquant que leurs doléances n’ont pas été prises en compte, dont la principale concerne l’augmentation du nombre d’arrondissements dans le cercle de Djebock qui est une très vaste ville et les populations éparpillées. Pour les servir, il faut une administration de proximité, disent-elles.
Plus au nord, les populations de Rharous dans la région de Tombouctou, disent niet. Elles ont d’ores et déjà annoncé qu’elles rejettent ce projet à travers une gigantesque manifestation la semaine dernière pour réclamer l’érection de leur cercle en région et pour soutenir la Transition.
Le cercle de Gourma-Rharous est composé de 37 villages et 147 implantations et a été divisé en neuf communes rurales pour une population d’environ 100 000 habitants, constitués principalement de nomades touarègues et maures et d’agriculteurs songhay.
Dans le plan initial, il devait être la 20e région administrative du Mali.
Avec les 19 régions, certaines avaient de la peine à être réorganisées souvent même les gouverneurs de ces nouvelles régions étaient à Bamako ou souvent dans les autres capitales régionales, comme le cas des gouverneurs de Taoudéni qui a pour résidence Tombouctou et celui de Ménaka à Gao.
Par Abdoulaye OUATTARA