S’auto proclamant le nouveau sauveur de la république qui, selon lui, est en danger, le coordinateur de l’Appel du 20 février, Cheick Mohamed Chérif KONE, en envisageant de mobiliser la communauté internationale en faveur de sa cause invite celle-ci « à ne plus reconnaître la junte militaire au pouvoir au Mali pour faute de légitimité depuis le 26 mars 2024, date marquant définitivement la fin de la transition au Mali ».
Dans sa correspondance, signée le 19 avril, le magistrat radié par le président de la transition ne cessant de dénoncer des dérives de la gestion du pouvoir, s’attribue, à son tour, illégalement des prérogatives pour avoir demandé de ne plus reconnaître le pouvoir. Mieux, la nouvelle constitution en son article 190 tranche la question.
Cheick Mohamed Chérif KONE ou le nouveau sauveur de la république qui soutient avoir sa voix et sa plume pour combattre les hommes en armes, en l’occurrence les officiers aux destinées de notre pays depuis la rectification de la transition. Ce magistrat syndicaliste radié par le président de la transition voue du désamour contre des autorités du pays qui, selon lui, bâillonnent la population en empêchant les voix discordantes de s’exprimer.
Cependant, celui qui estime que force doit rester à la loi, à la légalité et à la légitimité, pose des actes allant à l’encontre de ces valeurs qui doivent être si chères à tout citoyen, de surcroît à un magistrat chevronné.
A cet effet, lui, Cheick Mohamed Chérif KONE, est-il investi de quel pouvoir, de quel mandat dispose-t-il pour pouvoir inviter des membres de la communauté internationale à ne plus reconnaître les autorités de la transition ?
Sa harangue de voir à tout prix ce pouvoir partir n’est-elle pas en train d’altérer son analyse et son jugement ? Parce que la charte de la transition révisée sur laquelle il se fonde pour avancer la fin de la transition à partir de mars 2024 n’est pas très explicite sur la durée de la transition. En aucun moment dans ce texte, il n’est formellement dit que la transition prend fin à partir de mars 2024.
La preuve : la Charte de la transition a été révisé par le Conseil national de la Transition (CNT) le 21 février 2022, soit quatre mois avant le décret N°2022-0335/PT-RM du 06 juin 2022 portant durée de la transition. L’Article 22 nouveau de la Charte révisée dit que « la durée de la Transition est fixée conformément aux recommandations des Assises nationales de la Refondation. La Transition prend fin avec l’élection présidentielle organisée par les autorités de la Transition, la prestation de serment et la passation des charges au nouveau Président élu. »
Or, les recommandations des Assises nationales de la Refondation ont déterminé une fourchette entre 6 mois à 5 ans pour la durée de la transition.
Donc, l’analyse de M. KONÉ sur la durée de la transition, en se fondant sur la violation de la charte révisée, n’est pas pertinente. Elle est sans fondement.
C’est le 6 juin 2022 que le président de la transition du Mali a pris souverainement la décision de fixer la durée de la transition à 24 mois. Le lendemain de l’adoption du décret, le 7 juin 2022, la CEDEAO a pris la décision de notre pays en la regrettant et en disant qu’elle a été prise au moment où les négociations se déroulent encore, en vue de parvenir à un consensus. Donc, il apparaît clairement que les autorités n’ont pris aucun engagement envers la CEDEAO.
Également, l’appel aux Ambassadeurs et Représentants diplomatiques des organisations et institutions internationales accréditées au Mali, aux Partenaires au Développement du Mali, les Partenaires Techniques et Financiers du Mali de ne plus reconnaître les autorités de la transition manque aussi d’assise légale.
En effet, en plébiscitant leur nouvelle Constitution les Maliens, dont ceux qui demandent aujourd’hui la redistribution des cartes ont accepté les dispositions de l’article 190 de cette Constitution aujourd’hui en vigueur qui stipule : ‘‘Jusqu’à la mise en place des nouvelles institutions, les institutions établies continuent d’exercer leurs fonctions et attributions…’’
PAR SIKOU BAH