Après plusieurs mois de refus et des critiques très durs et acerbes contre le projet de la rédaction de la nouvelle constitution, le Cadre des partis et regroupements politiques reniant sa position initiale par rapport à ce processus a décidé de sacrifier sur l’aune des strapontins. Une situation au contours ambiguë qui discrédite davantage le front des anciens dignitaires.
Que vaut la parole d’un politique ? La politique a-t-elle une logique et des principes à préserver ? Est-ce l’art de dribbler l’opinion en vue d’obtenir un intérêt particulier ? Autant d’interrogations suscitées consécutive à la reculade du Cadre des partis et regroupements politiques qui a décidé de s’associer à la finalisation du document de la nouvelle constitution.
Quelques jours plutôt, les membres de ce front politique, dans la posture de l’opposition contre la transition, n’avaient cessé de sortir de leur gond pour s’opposer à l’initiative de la rédaction de la nouvelle constitution, l’une des réformes majeures proposées par le gouvernement de la transition pour poser les jalons d’un Mali Kura.
Déplorant et dénonçant ce projet, pour les responsables du Cadre, sa mise en œuvre était une violation flagrante de la constitution en vigueur qui interdit toute révision quand une partie du territoire est occupée. De même, ils mettaient en cause la légalité du président de la Transition, Assimi GOITA, de prendre une telle décision. Des arguments savamment préparés et planifiés pour dénoncer la rédaction de la nouvelle constitution.
Une ligne de conduite qui n’a pas malheureusement résisté à la derrière chance offre au Cadre pour la finalisation de la nouvelle constitution. Entre la conviction politique et la politique du ventre, le choix est vite fait.
Ainsi, après des mois de contestation et d’opposition, le Cadre semble avoir mis un peu d’eau dans son « Gnamakoudji » pour accepter d’apporter son concours à cette initiative à laquelle il s’était opposé dès le début. Avec cette nouvelle posture, le Cadre foule au pied ses principes au profit des strapontins. On a envie de dire ‘’tout ça pour ça ?’’.
Pire, cette situation risque d’emporter la complicité au sein de ce front politique avec la décision de la plateforme Jigiya Kura de suspendre sa participation à toutes les activités du Cadre. Une réaction de la plateforme consécutive à la désignation d’un de ses responsables, Amadou AYA, à la Commission de finalisation de la Constitution.
Cela, sans l’accord de la direction qui a d’ailleurs déclaré ne pas s’associer à ce processus.
Pour Jigiya Kura, en acceptant d’assurer la veille, il faut aussi souffrir de rester loin de la gestion de certains dossiers pour ne pas être comptable pour jouer son rôle de sentinelle avec objectivité.
Cette autre volteface va sans doute plaider contre le Cadre qui peine depuis le coup d’Etat à maintenir une seule ligne et d’être cohérent. Parce qu’avant cette décision qui fait polémique, des partis membres du Cadre ont accepté de participer à des rencontres sur le référendum. La dernière en date est celle du Cadre de concertation tenu sur l’organisation du référendum. Entre les discours et les actes des membres du Cadre, il y a de quoi réfléchir.
PAR SIKOU BAH