Des syndicats d’enseignants ont finalement laissé du lest quant à l’application stricte de l’article 39 après plus de trois ans de bras de fer avec l’État. En effet, ce mardi 13 décembre 2022, un accord trouvé entre les parties sans l’aval du SYPESCO enterre définitivement la lutte de l’article ‘’39’’. À défaut du respect de cette disposition, les syndicalistes se sont contentés des primes proposées par l’État jugées dérisoires par le SYPESCO. En clair, les enseignants abdiquent après avoir mis branle la République pendant tout ce temps par des grèves en répétition, le boycott des examens. On a envie de dire : tout ça pour ça.
L’abrogation de l’article 39 par le Président de la Transition, le Colonel Assimi GOITA, qui a approuvé par ordonnance le projet de loi sur l’harmonisation de la grille salariale des fonctionnaires de l’État et son adoption en Conseil des ministres, le 30 juin dernier, a sonné le glas de l’article 39 de la loi n°2018-007 du 16 janvier 2018 portant «statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et l’éducation préscolaire et spéciale», dont l’application était jugée non négociable par les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 qui ont connu une série de revers.
Pendant plus de trois ans, les syndicats SYPESCO, SYNEB, SYNEFCT, SYNESEC, SYLDEF, FENAREC, COSES ont tenu de nombreuses manifestations à Bamako et à l’intérieur du pays pour exiger de l’État l’appliquer de l’article 39. « Rien que le respect de la loi », était l’un des slogans des enseignants très motivés et déterminés à faire fléchir l’État.
Ces manifestations étaient souvent suivies de grèves, de rétention de notes et le boycott des examens. Avant la chute du défunt président Ibrahim Boubacar KEITA, la synergie des syndicats des enseignants, de par ces actions, a contribué à paralyser le système éducatif. Ces moyens de pression ont également participé à l’affaissement de l’État jusqu’au putsch.
Malheureusement ou heureusement, la synergie des syndicats des enseignants aura longtemps tenu à dragée haute aux autorités avant de perdre finalement le combat. En effet, après plus de trois ans de combat, d’engagement et de détermination sans faille, l’accord conclu avec le gouvernement est synonyme d’une reculade et de l’échec des moyens de pression usés jusque-là.
Les responsables syndicaux qui ont promis de maintenir le cap et de défendre un acquis syndical, à travers le respect le statut particulier de l’enseignant, ont décidé d’accepter les primes proposées par l’État sans le consentement du SYPESCO. Pour ce syndicat, l’accord qui scelle définitivement le sort de l’article 39 ne reflète pas l’avis majoritaire de la base.
Au finish, sans les acquis de l’article 39, la synergie se retrouve également divisée.
Ni la grève brandie comme une épée de Damoclès, ni la désobéissance civile sur le modèle M5-RFP (qui a pourtant prospéré contre le régime de Ibrahim Boubacar KEITA), n’a fait florès face à une Transition déterminée à garder le cap et le tempo.
Nous constatons, ainsi, ce qui peut être jugé comme une triste fin pour l’article 39 de la loi n°2018-007 du 16 janvier 2018 portant «statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et l’éducation préscolaire et spéciale» qui a déchaîné les plus vives passions et tenu en haleine la République.
PAR SIKOU BAH