Répondant aux notabilités et légitimités traditionnelles et religieuses ainsi que les leaders de la société civile venus au Palais de Koulouba, jeudi dernier, pour lui présenter leurs vœux de bonne et heureuse année 2023, le Président de la transition, le colonel Assimi Goïta, a-t-il imprudemment déchainés tous les démons du troisième, septième et neuvième cercle de l’enfer évoqué par Dante dans la Divine comédie en opinant sur la très sensible question de la réforme constitutionnelle ?
Pour le Chef de l’État du Mali, en route vers le retour à la légalité constitutionnelle, la réforme du texte fondamental du 25 février 1992 est une étape majeure. Serait-elle non négociable ? Le Président Assimi Goïta estime que c’est une quête des Maliens et l’une des recommandations des Assises nationales de la refondation (ANR) sur lesquelles l’État s’est engagé à mettre en œuvre (55 sur 517).
N’étant pas un politicien qui s’engage à la légère, le locataire transitoire du Palais de Koulouba ne peut comprendre qu’on puisse mettre à la Saint glinglin une réforme constitutionnelle dont les Maliens appellent de leurs vœux.
Pourquoi tant de virevoltes, de remise en cause, de subterfuges de la part de certains acteurs qui ont été pour autant parties prenantes des ANR et d’autres qui participent à la mise en œuvre à travers le CINSERE (Comité indépendant de suivi-évaluation de la mise en œuvre des recommandations des ANR) ?
Toutes chapelles (Cadre, Adéma, CNAS, CMAS, Jigiya Kura, Associations musulmanes…) qui concourent aux roulements de tambours et aux vuvuzelas, pardon à la bronca contre la réforme constitutionnelle, mettent en avant deux objections. L’une tenant au timing, pas assez de temps pour faire la reforme, d’une part et son bien-fondé, ce n’est pas le travail d’une transition de reformer la Constitution, son rôle est d’organiser les élections et de dégager, d’autre part. L’argument est mobilisateur et défendable d’un point de vue qui n’intègre cependant pas l’inventaire. Des partisans des colonels dépourvus de toute passion populiste peuvent en effet objecter qu’il y 30 ans une Transition, celle dirigée par le Lt-Colonel ATT a bien organisé un référendum et des élections.
Pour toutes autres raisons, d’autres mettent en avant l’inopportunité de la réforme et l’illégitimité de la Transition à la conduire. Sauf être un républicain sélectif, comment ces mêmes gens félicitent le Président de la Transition pour avoir exercé son droit de grâce pour élargir les 49 mercenaires ivoiriens ? Non, l’État est une continuité.
Puisse l’intérêt supérieur du Mali conjurer les démons constitutionnels déchainés, ou en voie de l’être.

PAR SIKOU BAH

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