La nomination comme nouveau chef d’État-major de la coordination d’un séparatiste fieffé en la personne du colonel Hamad Rhissa Ag Mohamed Assaleh et la sortie guerrière du très vénérable amenokal de Kidal, l’honorable Mohamed Ah Intallah, qui dit devant Dieu et les hommes qu’il ne reconnait pas l’autorité des militaires qui ont pris le pouvoir à Bamako, deux ans après le coup d’état du 18 août 2020, sont-ils autant de signes d’inquiétudes pour l’unité nationale.
La fusion annoncée depuis plus d’une année des composantes de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) – Haut conseil de l’unité de l’Azawad (HCUA), Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) -vient alourdir le hasard du calendrier des hypothèques au moment où le chef d’état-major du mouvement d’autodéfense Dan Nan Ambassagou donne de la voix.
La plus insaisissable des inconnus de l’équation sécuritaire reste le contrôle qu’exerce Iyad Ag Ghaly sur une partie de Kidal et des éléments des groupes armés regroupés au sein de HCUA. La kermesse politico-militaire de ce mercredi 8 février 2023 au stade Mano Dayak (tout un symbole) est destinée à emporter l’adhésion des plus impressionnables ressemble à un casting du rapport des forces qui mélange vérités et contre-vérités avec des éléments de langage destinés à allumer un feu.
En effet, les groupes armés ont décidé de passer à la vitesse supérieure pour la concrétisation enfin d’un vieux vœu de fusionner leur force.
Personne sur l’échiquier sahélien ne miserait sur l’issue très incertaine d’une confrontation armée avec la donne terroriste de l’EIGS qui n’a pas fini de se mesurer toujours à la JNIM. Aussi, quelle que soit la hauteur de la noblesse de l’acte et de l’espoir que la fusion des groupes armées suscite, peu d’Azawadien accepteront aujourd’hui d’emprunter le long chemin de rébellion au regard de la moisson des promesses faites par les leaders qui continuent de se pavaner et prélasser dans les hôtels et villas, aux frais du Mali.
C’est pourquoi, les risques d’une escalade armée doivent être pesés et soupesés par toutes les parties qui ont intérêt à revisiter l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, la mettre au cœur de leur agenda en la dépouillant des lourdeurs inutiles et surtout des interférences et des immixtions extérieurs improductives pour avancer dans sa mise en œuvre. Tout acte contre l’application de l’accord envisage le grand désordre dans un contexte où les terroristes cherchent la moindre faille pour s’enraciner davantage.
PAR SIKOU BAH