Il est fort à parier que les « priorités et attentes du Gouvernement du Mali dans le cadre de l’élaboration de l’examen stratégique de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali » au nom des populations du Mali en date du 4 décembre 2022 restent des vœux pieux. Le plus grand souhait de tous les Maliens et de tous les sahéliens est de voir « adapter la MINUSMA à son environnement et à mieux répondre aux attentes de son premier « client », à savoir le pays hôte, pour le bénéfice des populations maliennes ». Mais hélas, on est loin du compte.
Comme dans une Mafia où l’on joue à la roulette russe, au sein du Conseil de sécurité les grands jouent à la chaise musicale, même si leurs amis y sont dehors, au propre comme au figuré. Pour suppléer à l’absence de la France poussée à la sortie de notre pays, l’Allemagne accepte d’y rester jusqu’en mai 2024. Puisque dans les relations internationales rien n’est gratuit, Berlin subordonne sa présence au sein de la Minusma, pour le délai indiqué, à l’autorisation totale de survol de notre territoire par ses drones de surveillance et de reconnaissance. Face aux contre-propositions de notre pays, acceptées par la Minusma, (partager avec la partie malienne les informations et données recueillies par ses drones), l’Allemagne se rebiffe et annonce qu’elle se retirait de notre pays si nous n’acceptions pas son diktat. Comme la France, elle est là pour ses intérêts bien compris.
Auprès de la Minusma, le Gouvernement du Mali déplore le manque de transparence et l’absence de réciprocité dans la collaboration notamment au sujet des drones avant de l’inviter à se conformer à la procédure convenue dans le cadre de la réunion du 15 novembre 2022 pour ce qui est des rotations et aux conclusions de la réunion de coordination du18 janvier 2023, au cours de laquelle une reprise des vols de drones a été décidée sous réserve du respect des conditionnalités définies de commun accord.
Donc, le possible retrait de l’Allemagne à la suite de celui de la France annoncé par le nouveau ministre de la défense de Berlin, Boris Pistorius, dans une interview accordée à Süddeutsche Zeitung (un Quotidien Allemand), il affirme ce qui était attendu par de nombreux partenaires. « Rester au Mali jusqu’en mai 2024 n’est absolument pas pertinent dans les conditions actuelles », dit-il. « Si nos soldats ne peuvent pas quitter le campement ou ne peuvent se déplacer que dans un petit rayon au-delà parce qu’ils ne peuvent pas piloter de drones, nous ne remplissons pas notre mission », a-t-il déclaré.
L’histoire de cette belle amitié dira qu’elle s’est terminée avec une drôle d’histoire de drone de surveillance et non de combat…Dommage pour cette amitié dont le fondement remonte depuis l’accession de notre pays à l’indépendance en 1960. L’Allemagne a été le premier État à reconnaître la souveraineté de notre pays.
PAR SIKOU BAH