L’ambassadrice Victoria Nuland, sous-secrétaire d’État chargée des Affaires politiques des USA, a exprimé ce mercredi 26 octobre sa préoccupation « en ce qui concerne la garantie d’élections pleinement inclusives » dans notre pays où l’accroissement des incidents terroristes frôle les 30 % au cours des six derniers mois en plus de la dégradation de la sécurité sur l’ensemble du territoire. C’était à la faveur d’une conférence virtuelle sur sa mission du 16 au 20 octobre en Mauritanie, au Mali, au Niger et au Burkina Faso.
En prélude au sommet des dirigeants des États-Unis-Afrique du président Joe Biden, prévu pour la mi-décembre, l’ambassadrice Victoria Nuland, sous-secrétaire d’État chargée des Affaires politiques, a bouché le 20 octobre une mission de quatre jours au Sahel, une zone en proie à l’insécurité et d’autres défis de développement.
La diplomate américaine au cours de cette tournée en Afrique de l’ouest s’était rendue en Mauritanie, au Mali, au Niger et au Burkina Faso où le gouvernement américain soutient plusieurs initiatives au profit de la population en faveur de la stabilité et la démocratie.
Dans ces pays visités, le Mali a un statut particulier, car, en plus d’être dans une période transitoire, il est récusé d’avoir noué une collaboration avec la société privée russe (Wagner), en dépit du démenti des autorités maliennes.
À l’étape du Mali, la diplomate américaine a rappelé avoir eu des conversations très intenses avec le Premier ministre par intérim et le gouvernement sur le retour à l’ordre constitutionnel interrompu en août 2020 consécutif au coup d’État contre le défunt Président Ibrahim Boubacar KEITA, alors que le chronogramme des élections a été rendu public en fin juin dernier.
« Je vais répéter ce que j’ai dit au Mali, à savoir que jusqu’à présent, d’après ce que nous avons pu constater, le gouvernement intérimaire malien tient son engagement en vue du respect du calendrier convenu pour les élections en 2024 », a indiqué la conférencière, soulignant que les Maliens et les Burkinabés méritent de voir la démocratie rétablie.
« Nous attendons de ces deux gouvernements intérimaires qu’ils respectent leur engagement d’organiser des élections avec pleine participation d’ici 2024, comme ils s’y sont engagés, et nous leur apportons un soutien solide à cet effet», a exhorté Victoria Nuland qui s’inquiète toutefois qu’au Mali la dégradation de la sécurité sur l’ensemble du pays est une menace pour le respect de la « garantie d’élections pleinement inclusives ».
« Il y a donc beaucoup de défis, mais au moins les civils responsables des élections semblent veiller à ce que les préparatifs restent en bonne voie », a indiqué la diplomate américaine.
Par ailleurs, elle a déploré que la sécurité devienne plus difficile à assurer « compte tenu de l’importance croissante du rôle des forces de Wagner et d’autres dans le pays et du fait qu’elles évincent les Casques bleus de l’ONU », et au même moment, elle a noté l’accroissement des incidents terroristes « d’environ 30 % au cours des six derniers mois ».
Si les autorités maliennes ont opté pour la société privée russe dans la lutte contre le terrorisme, elle a estimé qu’elles ont fait un très mauvais choix. Et les conséquences de cette décision sont notamment l’augmentation de la violence et de la terreur et l’expulsion des forces de l’ONU.
« Elles ( les forces du Wagner) encouragent les forces maliennes à refuser à la MINUSMA l’accès à de larges pans du centre du Mali où la MINUSMA est investie d’un mandat très clair. Et nous craignons que ces forces ne s’intéressent pas à la sûreté et à la sécurité du peuple malien, mais qu’elles entendent plutôt s’enrichir et saigner le pays et aggravent la situation en termes de terrorisme », s’est-elle alarmée.
À l’instar de la France et de l’Union européenne qui ont arrêté leur coopération militaire avec le Mali, les USA, sans équivoque, elle déclare que les USA ne vont pas opérer dans le même espace que Wagner à cause de la sulfureuse réputation de ce groupe en constance violation des droits humains…
Cependant, a précisé la conférencière, le soutien de son pays en faveur de la population malienne restera intact.
« Nous conservons une aide importante au développement, à la santé, en matière électorale, et nous essayons d’atteindre autant de personnes que possible au Mali. Nous avons eu une conversation avec les autorités maliennes pour faire en sorte que l’aide américaine puisse parvenir aux populations qui en ont le plus besoin, ainsi qu’avec la MINUSMA, qui est également frustrée. Nos contraintes de fonctionnement ont donc des conséquences réelles ; la France s’est repositionnée hors du Mali, donc nous essayons tous d’aider les populations, mais nous sommes limités par les mauvais choix sécuritaires de la junte », a affirmé la diplomate américaine.
PAR SIKOU BAH