Depuis la fin du mois de novembre 2022, les réunions du Comité de suivi de l’Accord sont suspendues à cause de certaines divergences entre les parties maliennes (gouvernement, mouvements signataires). Depuis lors, l’Etat et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), les deux principaux protagonistes, se rejettent la responsabilité de ce nouveau blocage dans le processus de paix au Mali. La CMA dénonce l’absence des membres du gouvernement aux différentes réunions du CSA, synonyme d’un ‘’net recul d’intérêt de la partie gouvernementale à l’Accord de paix’’. Ainsi, elle annonce la suspension de sa participation aux mécanismes de suivi et de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation et exige la tenue d’une réunion en un lieu neutre avec la médiation internationale pour discuter de la viabilité de l’Accord. De son côté, l’Etat dénonce l’absence des premiers responsables des mouvements signataires aux différentes rencontres.
Le sujet s’est invité, ce vendredi 27 janvier 2023, à la tribune de l’ONU, à la faveur des débats du Conseil de sécurité sur la Rapport trimestriel du secrétaire général de l’ONU sur la situation au Mali.
A la tribune des Nations Unies ce 27 janvier 2023, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Abdoulaye DIOP, a levé un coin de voile sur les raisons de l’absence, depuis quelques mois, des membres du gouvernement aux différentes réunions du Comité de suivi de l’Accord (CSA). «Chaque fois que le gouvernement envoie des ministres, nous avons en face de nous des experts», s’est justifié le ministre DIOP.
Les travaux de la 47e session du Comité de suivi de l’Accord (CSA) ont été suspendus le mardi 29 novembre 2022, par le président du CSA, l’Ambassadeur Boudjemaa DELMI, au siège de la MINUSMA.
Pour les participants à cette session, cette décision avait été prise par les autres membres du CSA pour dénoncer l’absence du Col Major Ismaël WAGUE, ministre de la Réconciliation, de la paix et de la cohésion nationale, chargé de l’Accord pour la paix et la Réconciliation nationale.
Deux mois après cette dernière rencontre, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Abdoulaye DIOP, a levé un coin de voile sur les vraies raisons de cet incident qui est loin d’être anodin. Sur la tribune de l’ONU ce 27 janvier 2023, le ministre Abdoulaye DIOP, a indiqué à ce propos : « Pour qu’un ministre du gouvernement du Mali participe, nous souhaitons que les principaux responsables des mouvements soient eux-mêmes présents ».
Si l’absence du Colonel WAGUE avait été brandie par la CMA comme étant la preuve d’un «net recul d’intérêt de la partie gouvernementale à l’Accord de paix» ; le vendredi dernier, à la tribune de l’ONU, le chef de la diplomatie malienne s’est inscrit en faux contre ces allégations de la CMA.
Selon lui, le gouvernement demeure engagé pour la mise en œuvre de cet accord.
Toutefois, il a invité les interlocuteurs à dissocier les choses. En ce sens, a-t-il expliqué, le gouvernement a décidé de ne plus envoyer un ministre à la réunion du CSA afin de dénoncer le déséquilibre constaté dans la représentation des parties à ce niveau.
«Nous nous sommes un Etat, les autres sont des mouvements signataires. Ce que le gouvernement a indiqué, que pour les réunions du Comité de suivi, pour qu’un ministre du gouvernement du Mali participe, nous souhaitons que les principaux responsables des mouvements soient eux-mêmes présents», a-t-il fait savoir.
Pour lui, il y a un déséquilibre, parce que, chaque fois que le gouvernement envoie des ministres au CSA, ils se retrouvent face à des experts des autres parties signataires.
« Je crois que vous-même vous êtes un État, on a des protocoles pour pouvoir travailler ensemble. Dans ce cadre, c’est tout ce que le Mali a demandé. Chaque fois que les principaux leaders des mouvements seront là, le Mali enverra aussi des membres de gouvernement», a-t-il tranché.
Pour lui, cela n’a absolument rien à voir avec l’engagement du gouvernement dans la mise en œuvre de l’Accord.
Enfin, il a invité le conseil de sécurité à informer davantage sur ces situations.
Suite à cette sortie du chef de la diplomatie malienne, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), a répliqué à travers un communiqué rendu public le même jour.
Dans cette missive, «la CMA se démarque des déclarations unilatérales du Ministre Diop à la tribune des Nations Unies ce 27 janvier 2023 parlant «d’élans freinés» dans la mise en œuvre de l’Accord par les mouvements signataires lorsqu’il s’agit d’une dégradation évidente du processus consacrant un net recul d’intérêt de la partie gouvernementale à l’Accord de paix ».
Enfin, la Coordination des Mouvements réitère avec insistance sa demande de réunion en un lieu neutre avec la médiation internationale pour discuter de la viabilité de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.
Par rapport à la suspension des travaux du CSA, le Mali, selon Abdoulaye DIOP, a sollicité l’Algérie, chef de file de la médiation, et président du comité de suivi, pour la tenue d’une réunion du comité de suivi à un niveau ministériel dès le mois de février pour permettre aux parties maliennes de prendre langue.
«Je salue les membres du conseil qui ont lancé un appel à nos frères pour qu’ils puissent revenir sur la table pour qu’on puisse continuer à travailler ensemble pour relever ce défi. Je tiens à saluer l’action constructive de l’Algérie qui déploie d’énormes efforts pour pouvoir amener les parties, rapprocher les points de vues, pour une solution », a-t-il déclaré à la tribune de l’ONU.
Par Abdoulaye OUATTARA