Le M5-RFP a profité du troisième anniversaire de la rectification de la transition pour rendre public un mémorandum signé le vendredi 24 mai dernier. Ce document, qui retrace le bilan de la gestion de la transition, ne manque pas cependant l’occasion de titiller la gouvernance en brisant le silence sur certains aspects « confidentiel » de la gestion du pouvoir. Des entorses qui ont été décrié illustrent à bien des égards un malaise au sommet de l’Etat. L’arrestation du président du comité stratégique, Boubacar Karamoko TRAORE, en rajoute à la situation. Sinon comment comprendre qu’après des années de complicité dans la gestion de la transition, la confiance tente de se dégrader.

Mauvais timing ou pas du M5-RFP, le contenu du mémorandum s’apparente, pour certains, à un procès contre la rectification. Dans ledit document, il est dénoncé le parjure des militaires qui n’ont pas respecté à la lettre le partenariat stratégique scellé au soir du lundi 24 mai 2021 à Kati, sous la forme d’un compromis politique historique avec la composante civile.
Malgré le redressement de la trajectoire de la Transition et la mise en œuvre progressive du processus de Refondation de la Nation, sous l’impulsion du Gouvernement, le M5 regrette, dans son document, que le peuple malien témoigne et assiste à un relâchement des termes du Pacte d’honneur du partenariat stratégique liant les deux Forces civiles et militaires pour le changement.
« Ainsi, nous avons pu assister, le 1er juillet 2023, à la rupture de ce pacte initialement incarné par la formation du gouvernement de Transition le 11 juin 2021 par, purement et simplement, le limogeage et le remplacement de presque tous les ministres du M5-RFP, sans consultation ni proposition de Dr Choguel K. MAIGA, en sa double qualité de Premier ministre et de Président du M5-RFP », confesse le clan de Choguel MAIGA.
Pas que ça. Il a été dévoilé que plusieurs questions majeures de la gestion gouvernementale ont été traitées sans associer le Chef du gouvernement. Le document cite notamment la finalisation de la réorganisation territoriale, la gestion de la crise énergétique, l’organisation de la campagne référendaire et du « meeting de la honte » du 8 juin 2023, le report des élections, etc. Il en est de même en ce qui concerne les discussions sur l’Alliance des Etats du Sahel (AES), les négociations sur certains dossiers à caractère économique et financier avec des partenaires stratégiques, ainsi qu’avec des partenaires techniques et financiers du Mali.
Au-delà des déclarations des partisans du Premier ministre, en disgrâce comme estiment certains observateurs, l’on constate un véritable malaise dans la gestion de l’État où l’entorse aux principes s’érige en règles de gestion. Ou les règles sont torpillées à dessein pour peut-être pousser le Premier ministre Choguel kokalla MAIGA à la démission. Sinon, comment comprendre que le chef du gouvernement chargé de coordonner et de piloter les orientations du Président de la transition soit appelé à jouer le rôle de figurant pour, dit-on, contentez-vous du statut de votre poste ? En brisant le silence sur ces pratiques, le M5 étable au grand jour l’autre revers de la médaille de la gestion du pays marqué le déni des principes.
Cette sortie médiatique de la branche du M5 favorable à Choguel MAIGA, en plus de polariser une partie de l’opinion nationale, a déterré et mis à jour le projet du limogeage du chef du gouvernement : le tout sauf Choguel est de retour. Sa tête est réclamée par des détracteurs au motif qu’il « est clivant ». Belle occasion également pour d’autres qui estiment avoir été écartés de la gestion du pouvoir d’essayer de prendre leur revanche.
Sachant bien qu’il ne sera pas éternel à ce poste, bien qu’il soit acculé par ses détracteurs, Choguel K MAIGA affirmait, quelques mois plutôt, qu’il redoute que les acquis de la rectification ne soient pas travestis sans qu’il puisse rien faire.
Dans tous les cas, le Mali Kura tant revendiqué ne peut pas s’accommoder avec des anciennes pratiques ayant contribué à l’affaissement de l’autorité de l’Etat.
Après les accusations et les révélations, le signataire du mémorandum en poste de conseiller à la Primature a été arrêté le lundi dernier sur instruction du Procureur avant d’être auditionné par la Brigade d’investigation judiciaire. par la suite il a été placé sous mandat de dépot. Cette arrestation à la Primature de cet allié du chef du gouvernement en rajoute à la confusion et au malaise.

PAR SIKOU BAH

 

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