Fragilisés par l’émiettement, plusieurs responsables politiques, s’exprimant lors du 3e congrès ordinaire de l’ASMA-CFP, ont appelé à la création d’un front commun des partis politiques, malgré leur divergence, pour protéger la démocratie, tout en exhortant aussi les autorités de la transition à la tenue des élections.

Du haute de la tribune du 3e congrès ordinaire de l’ASMA-CFP, des responsables politiques de notre pays se succédant au micro se sont prononcés sur des sujets d’intérêt national.
La tenue des élections, le retour à l’ordre constitutionnel, la mise en place d’un front commun ont été largement évoqués par des intervenants, à l’image de Issa Kaou NDJIM, responsable de l’ARCT.
Pour l’ancien membre du Conseil national de transition (CNT), déchu pour avoir tenu des propos tendancieux contre le crédit de l’Etat, « Il faut avoir un front contre la dictature militaire » pour retourner avec la démocratie qui, définit-il, est le pouvoir du peuple.
La tenue de la présidentielle, initialement prévue courant février, a été reportée par le gouvernement en évoquant des difficultés d’ordre technique.
En attente d’une nouvelle échéance électorale, Issa Kaou NDJIM fulmine « Nous pensons que ça suffit maintenant. C’est la démocratie qui peut sauver le Mali. C’est le meilleur système, parce qu’il donne la parole au peuple » annonçant soutenir toute initiative visant le retour à l’ordre constitutionnel démocratique par des élections civiles.
Si chacun doit rester dans son rôle comme indiqué par le président GOÏTA en recevant les forces vives de la nation à Koulouba, pour M. NDJIM, «le rôle des hommes politiques est de convaincre les citoyens pour avoir leur suffrage aux élections présidentielle, communales et législatives ».
En revanche, a-t-il interpellé : « Les militaires ont fait ce qu’ils ont pu, mais il est temps qu’ils entrent dans la caserne. Ils ne peuvent rester indéfiniment sans élection. La transition doit clôturer sa durée ».
Pour lui, le dialogue annoncé par le président de la Transition doit être inclusif et ne « saurait se réussir alors que certains sont en prison pour leur opinion politique, d’autres en exil forcé », a déclaré le président de l’ACRT.
En effet, plusieurs responsables politiques dont Oumar Mariko, Tiéman Hubert COULIBALY, Ismaël SACKO, restent toujours à l’extérieur du pays, de peur, soulignent-ils, des représailles des nouvelles autorités.
Le secrétaire général de la CODEM, Alassane Abba, pour sa part, a exhorté des acteurs politiques à revenir aux valeurs démocratiques sans lesquelles, selon lui, il n’y a pas d’espoir.
« Il faut se surpasser, sinon tout ce qu’on aurait fait en 60 ans serait zéro », a déclaré le cadre politique de la CODEM, dénonçant le double jeu de certains acteurs.
Il ressort de son propos que la classe politique est fortement partagée autour de la transition.
« Nous avons ici dans la salle plein de mouchards. Ils sont là pour la démocratie, mais également pour autre chose. Ils ont aussi leur façon d’accéder au pouvoir. Il n’y a pas deux manières d’accéder au pouvoir, ce sont les urnes via la démocratie pour permettre au meilleur de gagner. Nous allons tenir à cela jusqu’au bout », a-t-il déclaré.
L’ancien ministre de l’Adema non moins son secrétaire général, Yaya SANGARE, de son côté, a signalé « l’adversité contre les partis politiques issus du mouvement démocratique » avant de rappeler la nécessité pour eux de se retrouver avec d’autres forces vives pour construire le pays.
« Nous devons tous nous unir, tous nous rassembler, pour protéger la démocratie et la République. Nous devons le faire avec la plus grande sincérité, la plus grande honnêteté avec les Maliens, avec un programme plus juste, plus ambitieux, plus à même de les convaincre », a annoncé M. SANGARE, soulignant que la classe politique doit être à la hauteur des défis qui lui sont posés.
« N’ayons pas peur, les polémiques que certains aiment à faire monter pour diviser les démocrates et les républicains n’ont pas de place quand des politiciens de l’ordre ancien sont à l’œuvre », a rassuré Yaya SANGARE.
Idem pour Amadou Baba CISSE qui estime qu’il est nécessaire pour la classe politique de se mettre ensemble.
« Les partis politiques doivent se mettre ensemble, s’unir pour défendre la démocratie. Le rassemblement est obligatoire et nous allons prendre contact avec les autres formations politiques », a annoncé M. CISSE, précisant que l’objectif de la démarche n’est pas contre une personne, mais pour discuter au profit de notre pays.
Pour notre part, nous estimons que ces déclarations encourageant à la création d’un front commun ont peu de chance de réussir au regard de la forte divergence entre les partis politiques.
Selon plusieurs observateurs, la classe politique n’a jamais été aussi divisée que ces dernières années. De plus en plus, leurs principes ne sont plus en fonction des valeurs de la démocratie, mais des enjeux de positionnement pour avoir voix au chapitre. Dans ce contexte, il est difficile de pouvoir atteindre les objectifs.

PAR SIKOU BAH

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