Les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se réuniront, dans un sommet inédit qui doit se tenir le 15 décembre à Abuja. A en croire le site d’information www.africaintelligence.fr, le principal dossier à l’agenda des chefs d’État de l’organisation régionale sera le retrait de trois de ses membres : le Burkina Faso, le Mali et le Niger.

Les trois États sahéliens avaient annoncé avec fracas, en janvier, leur départ sous un an et, dans la foulée, la création de leur propre structure sous-régionale : l’Alliance des États du Sahel (AES).
Ce processus de retrait, qui doit théoriquement être entériné le 29 janvier 2025, n’a toujours pas été formellement acté.
C’est ce que devraient faire les chefs d’État de la CEDEAO, le 15 décembre. Une poignée d’entre eux ont espéré pouvoir convaincre les autorités de la transition malienne, burkinabè et nigérienne de revenir sur leur décision.
Après son élection, le président sénégalais Bassirou Diomaye FAYE a publiquement fait part de son souhait de voir ces trois «peuples frères» rester au sein de la CEDEAO (AI du 14/05/24). Il a même fait le déplacement fin mai à Bamako, puis à Ouagadougou. Malgré ses efforts, il s’est heurté à de polis refus.
En juillet, Bassirou Diomaye FAYE a parrainé la nomination de l’ancien ministre sénégalais Abdoulaye BATHILY en tant que médiateur de la Cedeao avec l’AES.
L’ancien patron de la mission des Nations unies en Libye s’est, dans ce cadre, rendu en octobre au Burkina Faso et au Mali, sans parvenir, lui non plus, à convaincre les deux États de revenir sur leur décision. En marge de l’investiture pour un quatrième mandat de Paul KAGAME, en août à Kigali, le diplomate sénégalais a évoqué le dossier avec plusieurs présidents ouest-africains, soulignant ses difficultés à négocier avec Bamako et Ouagadougou.
Outre Dakar, Abuja a tenté de mener plusieurs missions de bons offices, alors que le président nigérian, Bola Ahmed TINUBU, assure la présidence de la CEDEAO.
Son ministre des affaires étrangères, Yusuf TUGGAR, a mené ces dernières semaines une série de consultations avec plusieurs de ses homologues en préparation du sommet du 15 décembre. Ils se retrouveront, quant à eux, à Lomé dès le 11 décembre.
Avant de se rendre pour la conférence ministérielle Russie-Afrique qui s’est tenue à Sotchi les 11 et 12 novembre, il s’est entretenu, le 5 novembre à Lomé, avec le président togolais, Faure Gnassingbé. Ce dernier est, à ce jour, le seul chef d’État de la CEDEAO à jouir encore de relations privilégiées avec les putschistes sahéliens.
Mais le Togo se montre pessimiste quant à un retour de l’AES dans l’organisation ouest-africaine et plaide davantage pour un accompagnement de ce retrait. Outre Lomé, le chef de la diplomatie nigériane s’est également rendu début novembre à Abidjan, Bissau et Banjul.

Visas obligatoires ?
Tout en quittant la Cedeao, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont émis le souhait de rester au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Ils devraient donc, à moyen terme, en garder les avantages, en particulier commerciaux. Cependant, près de la moitié des pays de la Cedeao ne font pas partie de l’Uemoa.
Certains d’entre eux s’inquiètent de l’avenir de leurs relations avec Ouagadougou, Bamako et Niamey en l’absence de structure régionale intégrée. C’est le cas du Nigeria, qui a fait part de ses interrogations auprès de plusieurs États francophones de la Cedeao.
La question du maintien du passeport Cedeao accordé aux ressortissants du Burkina Faso, du Mali et du Niger est également sur la table.
À ce jour, aucun État membre ouest-africain ne souhaite exiger de visa pour les citoyens de l’AES, une fois que les trois pays auront officiellement quitté l’organisation.
Chargé d’organiser la mise en place technique du retrait des pays de l’AES, le président de la Commission de la Cedeao, Omar Touray, doit présenter aux États membres les premières conclusions de ses travaux lors du sommet du 15 décembre.
Il a, pour cela, multiplié depuis septembre les voyages dans la sous-région et s’est spécifiquement rendu à Lomé le 19 novembre pour évoquer le sujet.
Parmi les questions toujours en suspens figurent celle de l’avenir des fonctionnaires maliens, nigériens et burkinabè actuellement en poste au sein de la Cedeao, ainsi que celle des bâtiments de l’organisation à Bamako et à Ouagadougou.

Par Abdoulaye OUATTARA

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