Les ministres des Finances des pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) se sont réunis, le samedi 25 novembre à Bamako, pour examiner les questions de développement économique et social, notamment les grands projets structurants. La cérémonie d’ouverture des travaux était présidée au CICB par le Premier Choguel Kokalla MAIGA ; en présence du ministre de l’Economie et des finances, Alousséni SANOU ; du Dr Aboubakar NACANABO, ministre des Finances et de la prospective du Burkina Faso ; Aboubacar Saidou MOUNOUNI, ministre nigérien délégué auprès du Premier ministre chargé des finances ; et des experts des questions économiques des trois pays de l’AES.

En campant le décor, le ministre de l’Economie et des Finances, Alousséni SANOU, a précisé que cette rencontre était l’occasion d’entamer des réflexions approfondies sur les préoccupations stratégiques des trois Etats de l’AES en vue d’atteindre les objectifs d’une intégration économique et monétaire. Selon le ministre SANOU, il s’agissait aussi d’évaluer les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces qui se présentent aux Etats de l’AES. De même, ajoute-il, il s’agit d’évaluer les potentialités économiques, évaluer le poids de l’Alliance dans l’UEMOA…
Pour sa part, le ministre de l’Economie et de la prospective du Burkina Faso, Aboubacar NACANABO, a énuméré un certain nombre de principes à respecter pour la prospérité de l’Alliance. Il s’agit du principe de la solidarité, c’est-à-dire dans les réflexions les dirigeants devront penser AES et non penser à leur Etats respectifs ; la dimension de l’affirmation de la souveraineté économique et l’ouverture aux autres Etats de la sous-région qui veulent rejoindre l’Alliance en respectant ses principes.
A son tour, Aboubacar Saidou MOUMOUNI, ministre délégué auprès du Premier ministre nigérien chargé des finances, a dénoncé les sanctions illégales et illégitimes imposées aux pays de l’AES par des organisations sous régionales dévoyées de leurs missions. Il s’est dit convaincu que l’engagement et la capacité des populations de l’espace AES permettraient de surmonter ces moments sombres de leurs histoires. Selon le ministre MOUMOUNI, le choix qui se présente aux dirigeants des pays de l’AES est d’engager des actions vigoureuses en vue de briser les chaines de la dépendance et d’atteindre les objectifs de souveraineté.
Le Premier ministre Choguel Kokalla MAIGA a informé que la population des pays de l’AES est estimée à près de 80 millions d’habitants avec une superficie de près de 2 800 000 Km2. Selon lui, cette population et cette grande superficie constituent une force de frappe pour le développement de l’espace AES.
« Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont décidé d’unir leurs efforts afin de faire face à l’ensemble des défis auxquels ils font face, notamment le défi sécuritaire. Seule une action commune peut relever les innombrables défis et convoitises sous le leadership et le patriotisme éclairé des Présidents de l’AES. La création de l’AES est guidée par l’esprit de fraternité, de solidarité agissante, d’amitié et de plein exercice de notre souveraineté nationale et internationale ; la défense de l’intégrité de nos territoires et la lutte contre les menaces. C’est la première fois qu’en Afrique qu’il y ait un mécanisme de défense collective ; lorsqu’on attaque un pays, tous les autres se sentent concernés », a souligné le chef du gouvernement.
Cette rencontre des ministres des Finances a été précédée par celle des experts, les 23 et 24 novembre à Bamako. Les experts ont échangé, entre autres, sur les échanges commerciaux, la circulation des personnes et des biens au sein de l’AES ; la sécurité alimentaire ; la sécurité énergétique ; la transformation industrielle, potentialités et perspectives ; le financement, l’intégration économique, l’arsenal réglementaire et les réformes nécessaires.
Création d’une compagnie aérienne commune
A l’issue de leur rencontre, les ministres des Finances des pays de l’AES ont recommandé l’accélération de la mise en place de l’architecture juridico-institutionnelle et des mécanismes de financement des instances de l’AES ; l’amélioration de la libre circulation des personnes dans l’espace AES ; le renforcement de la fluidité et de la sécurité des corridors d’approvisionnement en luttant notamment contre les pratiques anormales et les tracasseries dans l’espace AES; l’accélération de la mise en œuvre de projets et programmes énergétiques, Agricoles, hydrauliques, de réseaux de transport routier, aérien, ferroviaire et fluvial dans les Etats de l’AES ; la création d’une compagnie aérienne commune aux Etats de l’AES.
Aussi, les ministres ont décidé du développement des aménagements hydro agricoles d’intérêt commun dans l’AES pour booster la production agricole (bassins agricoles notamment ceux du fleuve Sourou, plaine de l’office Niger, bassin du lac Tchad, etc.) ; la construction et le renforcement des projets d’infrastructures (barrages, pistes rurales, routes, périmètres pastoraux, parc de vaccination des animaux, etc.) ; la mise en place d’un dispositif de sécurité alimentaire commun aux trois Etats de l’AES à travers des organes dédiés (stocks de sécurité alimentaire, Systèmes d’Alerte Précoce, observatoires des marchés agricoles).
Ce n’est pas tout, les ministres des Finances de l’AES ont recommandé la réalisation d’infrastructures adaptées pour le développement du cheptel et la mise en place d’abattoirs modernes pour l’exportation de la viande et des produits dérivés de l’espace AES; le développement des stocks de sécurité pour améliorer les capacités de stockages en hydrocarbures ; la mise en place d’un fonds pour le financement de la recherche et des projets d’investissements énergétiques et en matière de substances énergétiques notamment à partir de l’exploitation des ressources minières ; la réalisation des projets de centrale nucléaire civile à vocation régionale l’élaboration d’une stratégie commune d’industrialisation des pays de l’Alliance ; la promotion du financement d’infrastructures communautaires par la DIASPORA ; la mise en place d’un comité d’experts pour approfondir les réflexions sur les questions de l’union économique et monétaire ; la promotion de la diversification des partenariats ; la création d’un fonds de stabilisation et d’une banque d’investissement de l’AES ; la mise en place d’un comité technique de suivi de la mise en œuvre des recommandations de la réunion ministérielle.

PAR MODIBO KONE

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