Après la cérémonie d’ouverture de la deuxième édition de la Journée nationale des légitimités traditionnelles, le samedi 11 novembre au CICB, le président de CRI 2002, le Dr Abdoulaye SALL, a animé un panel sur le thème : «Comment mieux impliquer les autorités et légitimités traditionnelles dans les activités initiées par l’Etat en matière de prévention et de règlement des conflits ».
Le conférencier a tout d’abord expliqué qu’avec la nouvelle Constitution, les autorités et légitimités traditionnelles étaient désormais des acteurs constitutionnels en tant que gardiennes des valeurs de notre société dans sa globalité.
A ce titre, dit-il, elles doivent contribuer au vivre ensemble et contribuer à la paix et à la réconciliation.
Le Dr Abdoulaye SALL a expliqué que cette disposition constitutionnelle devrait être désarticulée par la suite à travers des lois et des règlements.
« Les textes d’application de cette disposition constitutionnelle vont suivre. Pour cela, il faudrait que les autorités et légitimités traditionnelles se mettent en position de contribuer pour que les textes qui seront élaborés et adoptés soient en phase avec leurs préoccupations et engagements dans le cadre d’un partenariat avec l’Etat et les contrats sociaux qu’elles ont avec leurs sociétés respectives », a exhorté le Dr SALL ; avant d’ajouter : « On dit que vous êtes légitimités ; la légitimité c’est dans vos terroirs, dans vos villages, fractions et quartiers. Mais quand l’Etat vous donne des insignes et des certificats de reconnaissance, vous rentrez dans la légalité et vous devez travailler sur les deux tableaux. C’est-à-dire le tableau de la légitimité vis-à-vis de vos relations avec vos communautés respectives et sur le tableau de la légalité avec votre engagement avec l’Etat. Nous sommes dans un Etat de droit, nous sommes dans une République qui a des règles et des droits que l’on doit respecter ».
Le président de CRI 2002 a fait comprendre que les autorités traditionnelles devraient s’abreuver de la vision du Cadre stratégique de la refondation de l’Etat qui a été adopté en juin 2022 par le gouvernement.
Selon lui, la vision de ce Cadre est d’avoir un Mali bien gouverné, sécurisé, stable, respectueux des droits de l’homme et des valeurs socio-culturelles.
« On ne peut pas aller dans cette vision sans que nos villages, fractions et quartiers ne soient bien gouvernés, bien sécurités, stables et respectueux des droits de l’homme et de nos valeurs socio-culturelles », a souligné le Dr Abdoulaye SALL.
Il a affirmé que cette deuxième édition de la journée nationale des légitimités traditionnelles pouvait être qualifiée de porteuse d’espérance parce que d’ici le 10 novembre 2024 les acteurs devaient pouvoir contribuer à opérationnaliser la disposition constitutionnelle relative à la place et au rôle des autorités traditionnelles.
Il a expliqué aux participants que dans le cadre du pouvoir judiciaire qui est indépendant des deux autres pouvoirs, les modes alternatives de règlement des conflits rentraient dans l’arsenal juridico-politique de notre pays pour atténuer les conflits au niveau des différentes collectivités.
Le président de CRI 2002 a expliqué que le règlement d’un conflit se reposait sur trois piliers à savoir : la prévention (les dispositions et les mécanismes à mettre en place pour prévenir) ; la gestion (les stratégies pour résoudre le conflit) ; la non répétition (les solutions pour éviter que le conflit ne se répète plus). Pour la prévention des conflits, il a mis l’accent sur la communication et le dialogue.
Il a déclaré que les autorités et les légitimités traditionnelles devraient avoir l’expertise et la compétence pour pouvoir résoudre les conflits.
Le conférencier a rappelé qu’en matière de prévention, de règlement et de gestion des conflits, les CoFo (Commissions foncières) ont été créées pour gérer les questions foncières au niveau des villages et des collectivités territoriales. Pour lui, il faudrait renforcer ces CoFo par la nouvelle envergure que viennent de prendre les autorités et légitimités traditionnelles.
« Nous nous sommes battus pour faire rentrer les autorités traditionnelles dans l’ère du 21e siècle et cela est aujourd’hui un acquis. Il reste de donner la preuve que le fait qu’il y ait cette légalité au niveau de la Constitution, les autorités et les légitimités traditionnelles seront à hauteur et à envergure d’aider le pays à aller résolument vers le vivre ensemble, la paix, la réconciliation nationale, la cohésion sociale », a souhaité le Dr Abdoulaye SALL.
PAR MODIBO KONÉ