A Bankass comme à Bandiagara, ils étaient des centaines de personnes à occuper les rues, ce vendredi 24 février, pour protester contre l’attaque des terroristes dans la commune de Kani Bonzon qui a fait une dizaine de morts et de nombreux blessés. En colère, les manifestants ont affirmé qu’ils ne ressentent pas encore le dividende de la montée en puissance des Forces armées maliennes.
Élus communaux, notabilités et responsables de la chefferie traditionnelle, membres des organisations de la société civiles ont manifesté ce 24 février dans le cercle de Bankass contre la barbarie orchestrée à Kani Bonzon. A la veille, dans l’après-midi du jeudi, des terroristes ont surpris les habitants aux environs de 17 heures pour assassiner beaucoup d’entre eux. Selon le bilan provisoire : au moins 12 morts, des blessés et de dégâts matériels importants.
« Nous avons marché pour exprimer notre ras-le-bol aux représentants de l’Etat par rapport aux actes d’assassinat de Kani Bonzon. Ce drame est la preuve encore que le centre n’est pas sécurisé. Que les forces de sécurité déployées pour nous protéger ne font pas malheureusement ce travail contrairement à leur serment », a indiqué un manifestant portant au cou le drapeau national.
Il a précisé qu’ils n’éprouvent pas de la haine contre les FAMa, mais il est aussi important de les rappeler à leur mission de sécurisation et de protection de la population pour lesquelles ils ont été recrutés.
A l’image des autres agents de l’Etat, les militaires doivent aussi accomplir leur tâche, estiment les manifestants.
« Si ce n’est pas fait, on doit être là pour le décrier et le dénoncer », a-t-il ajouté.
Il a par ailleurs regretté que beaucoup de localités du centre attendaient avec impatience les dividendes de la montée en puissance des Forces armées maliennes.
« Des gens et des autorités maliennes ne cessent de dire que l’armée monte en puissance, mais nous ne le ressentons pas parce que les terroristes continuent de commettre des massacres de masse contre nos frères et sœurs des localités du centre », a-t-il indiqué.
Selon ce manifestant, la montée en puissance de l’armée n’a de sens que lorsque la population est protégée et sécurisée.
De son côté, Mamadou DJIGUINE, secrétaire aux affaires extérieures du Conseil national de la jeunesse locale, a affirmé que cette mobilisation de protestation manifeste d’un espoir galvaudé. Pour le responsable de la jeunesse de Bankass, ils avaient nourri de l’optimisme dans la lutte contre le terrorisme avec l’achat des équipements, mais aussi avec les remplacements des représentants de l’État par des militaires.
« A ce jour, rien n’a changé en termes de sécurité dans notre localité, à l’image de plusieurs villes du centre. Des villages continuent de se vider de leurs habitants et bras valides à cause des tueries des groupes terroristes », a affirmé le jeune DJIGUINE.
Sur le drame de Kani Bonzon, il a accusé le laxisme des FAMa qui ont été alertées depuis 13 heures dans la journée du jeudi sur le regroupement des terroristes à Kani Bonzon. Malheureusement, cette ville n’a pas pu bénéficier d’aucune réaction positive des militaires maliens jusqu’au drame.
« C’est écœurant que des informations soient données et qu’il n’y a eu aucune suite de la part des militaires. Ce n’est pas après le coup, qu’il faut déployer les grands moyens », s’est indigné Mamadou DJIGUINE.
Pour sa part, une quinquagénaire très remontée s’est opposée à la politique de signer des accords avec les terroristes pour sauver leur vie en attendant une réaction des autorités maliennes.
« Les villages qui ont signé les accords ont été tous attaqués par les terroristes. Signer ces accords n’a aucune garantie, il faut que cela soit clair pour nous tous. Le seul moyen de nous en sortir est de nous assumer tout en valorisant nos dozos dans cette lutte. L’armée doit s’appuyer sur les dozos pour mener ce combat parce qu’ils connaissent les zones », a-t-elle affirmé.
A ce rythme, alerte-t-elle, les terroristes vont transformer Bankass en cimetière comme ils ne cessent de chanter.
« Ce vœu se réalisera un jour si jamaison ne s’assume pas et se dire les vérités », a alerté la vieille dame.
Reçus par des représentants de l’Etat, le préfet de Bankass au nom des autorités du pays, a présenté ses condoléances aux victimes de cette barbarie tout en souhaitant prompte rétablissement aux blessés.
« Nous sommes autant éplorés par la situation. Ce qui s’est passé n’est nullement le souhait d’une autorité. Une personne tuée est de trop à pus forte raison 12 individus. Nous avons pris note de vos cris de cœur, nous vous promettons de les transmettre aux autorités », a indiqué le préfet.
Egalement à Bandiagara, des populations ont manifesté tout en exprimant leur solidarité à Kani Bonzon, qui serait l’une des premières localités dogons après avoir quitté le Mandé.
PAR SIKOU BAH