C’est «la fin du calvaire pour toute la population, le blocus au niveau de la frontière entre le Mali et la Côte d’ivoire vient d’être levé. Rapportant le conseil des ministres ivoirien, les confrères de la RTI ont annoncé, lundi dernier, la reprise des activités aux postes frontaliers. Une autre bouffée d’oxygène en plus pour notre pays, après la levée des sanctions de la CEDEAO, l’an dernier. Ces deux pays voisins (Mali et la Côte d’ivoire) partage une ligne frontalière de 532 Km.
Comme quoi, le Mali n’est pas le seul à être éprouvé par les restrictions sous-régionales et la réouverture ainsi annoncée implique le recouvrement d’un manque à gagner annuellement enregistré depuis fin 2019.
Aussi, la frontière de Sikasso, qui était la plus fréquentée, va enfin retrouver un dynamisme également profitable à Abidjan, qui n’en faisait guère moins les frais. Et pour cause, depuis février 2022, la cherté de la vie y bat son plein, à telle enseigne que le gouvernement d’Alassane Ouattara a dû faire face à des interpellations corsées par l’opinion sur les effets de la fermeture des frontières : inflation galopante des prix, restriction des activités économiques et portuaires, etc.
Consécutif au Covid et ses implications sanitaires et sécuritaires, le blocus a par ailleurs favorisé la floraison du transport cycliste et des motos devenues les moyens les plus prisées pour traverser la frontière avec 3 barrages militaires en pleine brousse et des droits de passage pouvant s’élever jusqu’à 5 000 CFA.
À noter que le transport à moto est payé auprès du chauffeur qui évalue son tarif selon les bagages du client : 6 000 à 15 000 CFA la charge.
L’arrêt du poste-frontière de Pogo suite aux sanctions de la CEDEAO a entraîné par ailleurs la hausse du prix des produits de première nécessité dont la viande de bœuf, l’huile de cuisine voire le carburant.
Pour ce qui concerne spécifiquement la viande, dont Bamako reste le principal fournisseur en terre ivoirienne, le kilogramme atteint actuellement 2 500 où 3 000 F CFA selon les vendeurs et les zones amis où il coûtait 2 200 à 2 300 CFA.
La levée actuelle indique bien que la peine économique subie par le Mali est bien partagée par ses voisins de la CEDEAO.
Notons enfin, qu’en Côte d’Ivoire, l’huile de cuisine, la viande, le riz, le logement, ou les cubes d’assaisonnement ont connu récemment des hausses allant de 10 à 40% alors que l’année 2021 avait déjà été marquée par une augmentation généralisée des prix.
La Côte d’Ivoire, frontalière du Ghana, mais aussi du Liberia, de la Guinée, du Mali et du Burkina Faso, a été relativement épargnée par le Covid-19 avec environ 800 morts, selon les chiffres officiels.
Des millions de personnes originaires de ces pays vivant sur le sol ivoirien ont dû pendant trois ans emprunter des chemins de traverse clandestins pour se rendre dans leur pays d’origine et continuer à commercer. Et les prix des transports entre la Côte d’Ivoire et ses voisins avaient bondi.
En annonçant la réouverture des frontières, le gouvernement a invité «tous les voyageurs à passer désormais par les voies de passage officielles».
Un moyen de pouvoir à nouveau contrôler les flux migratoires, alors que la Côte d’Ivoire est en particulier confrontée à un afflux de réfugiés du Burkina Faso qui fuient les violences jihadistes dans leur pays.
Quelque 8 700 d’entre eux sont récemment arrivés dans le nord, selon les autorités ivoiriennes.
Par Abdoulaye OUATTARA