Les chefs d’État des pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, réunis le samedi 24 février à Abuja, ont décidé la levée d’une grande partie des sanctions contre le Niger. L’Organisation sous régional a mis fin aux sanctions économiques, commerciales et de voyage imposées au Niger avec effet immédiat, tout en évoquant des raisons humanitaires. Mais vraisemblablement, la levée de ces sanctions cache d’autres raisons inavouées quand on sait que pendant des mois, le peuple nigérien a durement fait face aux effets néfastes de ses sanctions sans que les chefs d’Etats de la CEDEAO ne songent à les lever. Certains observateurs estiment qu’à travers la fin de ces mesures, la CEDEAO veut tout simplement amadouer les pays de l’AES afin qu’ils renoncent à leur projet. Peine perdue, à entendre le président du Burkina Faso, ces retraits sont irréversibles.

Ce sommet visait à faire face aux menaces existentielles auxquelles la région est confrontée et à implorer les trois pays de l’AES qui ont quitté l’organisation de revenir sur leur décision.
La levée des sanctions contre le Niger est «purement humanitaire» et vise à atténuer les souffrances causées par cette situation, a déclaré Monsieur Touray à la presse. Néanmoins, «des sanctions ciblées ainsi que des sanctions politiques restent en vigueur», a-t-il ajouté.
Les décisions prises lors de cette réunion visent à défendre les principes démocratiques et à promouvoir le bien-être social et économique des citoyens», a déclaré le président nigérian Bola Tinubu, président en exercice de la CEDEAO, lors de l’ouverture du sommet. Pour ce faire, l’organisation doit «réexaminer son approche actuelle de la recherche de l’ordre constitutionnel dans les États membres». Le président Tinubu a invité l’Alliance des États du Sahel «à reconsidérer leur décision et à ne pas percevoir notre organisation comme un ennemi». Ces pays en janvier dernier ont décidé de quitter la CEDEAO.
L’on se rappelle que la semaine passée, Yakubu Gowon, l’un des pères fondateurs de la CEDEAO et non moins l’ancien Président du Nigéria, avait exhorté les dirigeants régionaux à lever les sanctions, soulignant que l’organisation est «plus qu’une coalition d’État».
Les sanctions contre le Niger et la menace d’une intervention militaire pour renverser le coup d’État ont été «les déclencheurs probables d’un résultat inévitable» du retrait des trois pays de la CEDEAO, explique Karim Manuel, analyste pour le Moyen-Orient et l’Afrique auprès de l’Economist Intelligence Unit.
Avec leur retrait, «la région de l’Afrique de l’Ouest sera de plus en plus fragmentée et divisée et la nouvelle alliance entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger fragmente le bloc ouest-africain et reflète un axe d’opposition aux structures traditionnelles qui ont soutenu la région pendant des décennies», a ajouté l’analyste.
Le président de la Commission de la CEDEAO, Omar Alieu Touray, a également réclamé « la libération immédiate » du président nigérien déchu Mohamed Bazoum, détenu avec son épouse depuis sept mois.
« Retour de l’ordre constitutionnel »
En effet, l’organisation sous régionale avait convoqué le samedi dernier un nouveau sommet extraordinaire afin de discuter de « la politique, la paix et la sécurité dans la République du Niger.
« Nous devons revoir notre approche quant au retour de l’ordre constitutionnel chez quatre de nos pays membres », avait déclaré en introduction le président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, qui assure la présidence de la Cedeao, en référence au Mali, au Burkina Faso, au Niger et à la Guinée. La CEDEAO avait d’abord menacé le nouveau régime à Niamey d’une intervention militaire, avant de faire marche arrière.
Ainsi, avec la levée des sanctions, les frontières et l’espace aérien nigérien seront rouvertes, les transactions financières entre les pays de la CEDEAO et le Niger seront de nouveau autorisées, et les avoirs de l’État nigérien seront dégelés. Encore, par cette décision, la CEDEAO qui avait exigé la libération de Mohamed BAZOUM, capitule en abandonnant en plein vol ce dernier. Au finish, le président Bazoum reste toujours en détention dont la libération était l’un des objectifs de la CEDEAOO en maintenant les sanctions contre le Niger. Après des mois d’embargo, la CEDEAO lève ses mesures sans véritablement atteindre ses objectifs. On a envie de dire ‘‘Tout ça pour ça’’. Pendant ce temps, la CEDEAO s’est montrée plus sensible au président Bazoum que la souffrance des millions de Nigériens.

PAR MODIBO KONÉ

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