Le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye DIOP, a maintenu que le départ de notre pays, du Burkina Faso et du Niger de la Communauté des Etats ouest-africains était irréversible, malgré la main tendue de la CEDEAO. Pour lui, «Les Chefs d’Etat ont décidé de répondre à l’appel des populations de ces trois pays pour aller vers une plus grande unité, une plus grande solidarité, une plus grande fraternité, entre ces trois pays». Cependant, le Mali reste ouvert à la coopération avec la CEDEAO, a dit le Chef de la diplomatie malienne, lundi soir, sur la télévision nationale ORTM.
S’exprimant sur ce premier sommet des Chefs d’Etat de l’AES, le ministre DIOP a souligné que le 6 juillet est à retenir comme un moment d’histoire extrêmement important où les présidents, leurs Excellences le colonel Assimi GOITA, le général Abdourahamane TIANI, comme le capitaine Ibrahim TRAORÉ, ont décidé de répondre à l’appel des populations de ces trois pays pour aller vers une plus grande unité, une plus grande solidarité, une plus grande fraternité, entre ces trois pays.
«A Niamey, ce qui frappe, c’est cette grande mobilisation des jeunes femmes ; toutes les composantes de la société nigérienne qui sont mobilisées avec beaucoup d’enthousiasme», s’est réjoui le ministre DIOP.
Faire face à une menace existentielle
Il ressort de son propos que l’AES est né dans un contexte différent, notamment pour faire face à une menace existentielle qui était dirigée contre le Niger et contre les autres pays membres.
À partir de cet instant, dit-il, il a été décidé plutôt de travailler pour une vision pour des objectifs communs pour pouvoir atteindre un certain nombre d’objectifs.
«Aujourd’hui, nous ne pensons pas que l’AES soit en opposition à qui que ce soit ; mais nous travaillons plutôt pour réaliser des choses pour notre population », a-t-il clarifié.
Une vision commune des Chefs d’Etat
Selon lui, les chefs d’État de l’AES ont voulu mettre en place une nouvelle dynamique. Une dynamique faite à travers la Confédération des Etats du Sahel qu’il présente comme une union d’États souverains qui préservent et maintiennent leur indépendance, mais qui décident de déléguer certaines de leurs compétences à des organes, dans des domaines précis.
Dans le cas de l’AES, a-t-il fait savoir, c’est les trois grandes dimensions, à savoir : 1- d’abord dans le domaine de la défense et de la sécurité ; d’une part ensuite ; 2- dans le domaine du développement et de la coordination de toutes les activités d’intégration ; et 3- le troisième pilier c’est dans le domaine de la coordination de l’action diplomatique des trois pays.
Aujourd’hui, a-t-il salué, il y a un niveau avancé de collaboration et de coopération entre les forces de défense et de sécurité sur le terrain qui ont enregistré des succès appréciables et qui sont à l’offensive face à des groupes ennemis.
Sur le plan du développement, nos ministres en charge des questions d’économie et de finances et de développement, a-t-il expliqué, ont développé des projets intégrateurs et un certain nombre d’actions à mettre en oeuvre pour pouvoir renforcer la libre circulation des personnes, mais aussi renforcer les échanges entre nos pays.
Et déjà, sur le plan diplomatique, nos pays se concertent déjà. L’année dernière, à l’Assemblée générale des Nations unies, le Mali s’est exprimé avec l’autorisation, en accord avec le Niger, au nom du gouvernement du Niger.
’’C’est une grande confiance qui a été placée en notre pays’’
Alors que le président de la Transition, le Colonel Assimi GOÏTA, préside désormais aux destinées de cette nouvelle Confédération, le diplomate en chef explique que c’est une grande confiance qui a été placée en notre pays, à travers son président.
«C’est des moments de grande responsabilité aussi pour notre pays, mais un moment d’engagement fort pour essayer de travailler autrement pour proposer une alternative au modèle d’intégration qui existait dans notre espace», a précisé Abdoulaye DIOP.
«Je pense que Son Excellence, le Président GOITA est aussi un homme de défi. Mais c’est surtout une opportunité de pouvoir s’élever à la hauteur de la confiance. Parce que c’est une marque de confiance importante de présider aux destinées d’une confédération pour la première tâche», a-t-il rassuré.
Appel à la mobilisation
De son avis, ce qui est important, ‘’c’est que les Maliennes et les Maliens comprennent que c’est une confiance qui est faite à notre pays et que nous puissions nous mobiliser derrière nos autorités, avec nos autorités, et avec les peuples et les autorités des autres pays, pour pouvoir montrer que c’est possible de faire les choses différemment, en comptant d’abord sur nous-mêmes, sur nos propres ressources, tout en restant ouvert à tout apport extérieur’’.
Dans cet entretien, le patron de la diplomatie malienne s’est par ailleurs élevé contre l’instauration éventuelle de visas pour les ressortissants des trois pays voyageant dans l’espace Cedeao.
Si les visas sont institués, «ça nous donne raison en ce sens que certains responsables de la CEDEAO ne sont pas sortis des anciennes méthodes de faire peur aux populations, de faire le chantage aux populations», a estimé M. DIOP.
Minimiser l’impact pour les populations
Dans «un processus d’intégration, il y a des gains et des pertes pour tout le monde ; mais nous devons travailler à en minimiser l’impact pour nos populations», a-t-il dit.
« Il y a un prix à payer pour chaque choix», a-t-il conclu à ce propos.
M. Diop s’exprimait au lendemain d’un sommet de la CEDEAO lors duquel elle a désigné les présidents sénégalais et togolais comme médiateurs dans les discussions avec le Mali, le Burkina et le Niger.
Les trois pays, sous transition militaire, ont annoncé en janvier quitter l’organisation des 15 Etats membres de la CEDEAO.
Ils ont annoncé lors de leur premier sommet tenu, samedi dernier, l’institution d’une confédération.
Les régimes militaires reprochent à la CEDEAO les sanctions imposées face aux putschs et aujourd’hui largement levées. Ils l’accusent surtout d’être manipulée par la France et de ne pas les soutenir contre le terrorisme.
«Nos chefs d’Etat ont été très clairs à Niamey en indiquant que le retrait des trois pays de la CEDEAO est irrévocable et a été fait sans délai, et à partir de cet instant nous devons cesser de regarder dans le rétroviseur», a dit le chef de la diplomatie malienne.
Cependant, di-il, le Mali reste «ouvert à un travail avec nos voisins et d’autres organisations avec lesquels nous partageons cet espace», a-t-il ajouté.
’’Maintenir les discussions avec les autres’’
«Nous allons devoir maintenir les discussions avec les autres pour avancer, mais je pense que le chemin qui est engagé n’est pas réversible. La création d’une confédération n’est qu’une étape», a-t-il expliqué.
Pour lui, « la vision, c’est de travailler à pouvoir arriver à une fédération des trois Etats».
La CEDEAO soutient que les trois pays sont tenus par un délai d’un an, alors que les régimes militaires disent que leur retrait est effectif «sans délai».
Leur départ soulève des inquiétudes quant à ses conséquences sur les populations, par exemple sur la circulation des personnes et des biens et la possible obligation de visas pour les Maliens, Burkinabè et Nigériens se déplaçant dans les pays de la CEDEAO.
«Je ne vois aucune référence dans le communiqué des chefs d’État par rapport à des restrictions qui seraient imposées à la circulation de nos ressortissants dans cet espace», a rassuré le ministre DIOP.

PAR ABDOULAYE OUATTARA

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