Malgré les dénonciations et les alertes, les concurrences déloyales liées aux importations frauduleuses de ciment dans notre pays se poursuivent et comportent une menace sérieuse contre nos industries dont la contribution à l’économie nationale et à la création d’emploi est significative.

Si hier le besoin national en consommation de ciment était couvert par des importations chez des voisins, aujourd’hui les industries nationales créées mise ensemble ont la capacité de satisfaire aux commandes nationales. Malgré tout, les importations de ciment vers notre pays n’ont pas baissé comme il ressort de la Balance des paiements et position extérieure globale du Mali en 2020.
Plusieurs de ces importations ont la funeste réputation de ne pas être conforme aux textes, selon plusieurs sources, parce qu’elles sont établies sur de fausse déclaration de la valeur à l’importation, la sous-déclaration des coûts de fret, la minimisation des quantités de ciment dans les déclarations d’importation, entre autres.
Sur le sujet, l’un des responsables de l’une des usines de production de ciment déclarait que du fait de la concurrence déloyale, son entreprise ne tourne plus à 100% de sa capacité réelle qui se situe à la production de millier de tonnes de ciment par an.
« Malheureusement, nous avons du mal à écouler nos produits à cause des importations massives et souvent frauduleuses. Quand des camions de 60 tonnes sont déclarés comme des 40 tonnes au cordon douanier, qu’y pouvez-vous ? Pire, la valeur réelle du ciment à l’exportation est sciemment minorée par les usines des pays voisins. Comment peut-on dans de telles conditions concurrencer les importateurs ? », s’est-il interrogé.
A cause de cette situation qui crée la mévente, l’on apprend que des usines, en plus de diminuer leur production, avaient mis à l’arrêt certaines de leur filiale. A ce rythme, difficile de parier sur l’avenir de ces industries qui, pour autant, constituent l’un des piliers importants de mobilisation de recettes de l’Etat, à travers le paiement des taxes et impôts. Sans compter leur apport à la création d’emploi direct et indirect contribuant ainsi à la stabilité sociale et à l’animation de l’économie dans les zones où elles sont installées.
Face au risque qu’encourent nos industries de cimenterie, le gouvernement doit profiter de sa décision du conseil des ministres du 1e février 2023 pour faire le levain de la valorisation des productions des cimenteries du pays contre les pratiques frauduleuses.
En effet, lors de ce conseil, le ministre de l’Économie et des Finances a informé la mise en œuvre des dispositions visant à assurer la promotion de la production nationale et de l’outil national de production dans la commande publique.
La préservation de la bonne santé de nos industries passe notamment par la fermeté du gouvernement qui doit jouer son rôle de régulateur contre toute pratique malsaine à conséquence très préjudiciable sur la stabilité sociale et économique du pays.

PAR SIKOU BAH

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