Contrairement à une annonce fracassante indiquant que les dirigeants des États d’Afrique de l’Ouest réunis en sommet, ce dimanche 4 décembre 2022, à Abuja, ont exigé du gouvernement malien la libération, avant janvier, des 46 « mercenaires » ivoiriens sous peine de sanctions contre le Mali, le communiqué final qui a sanctionné cette rencontre, rendu public ce mardi 6 décembre 2022, semble moins désobligeante sur ce sujet. En tout cas, à la lecture dudit communiqué, on se rend compte que les dirigeants de l’organisation sous régionale, à l’opposé des allégations attribuées au président de sa commission, Omar TOURAY, la CEDEAO dit «saluer les différents efforts diplomatiques déployés» et «appelle les autorités maliennes à répondre positivement aux différents appels à la libération desdits soldats».

Le président de la Commission de la CEDEAO, Omar TOURAY, est-il allé trop vite en besogne ou alors les Chefs d’États de l’organisation sous régional ont-ils revu leur copie avant sa publication ?
La question demeure au regard de la différence de mot et de ton enregistrée entre les déclarations attribuées au président de sa Commission et les termes du communiqué final rendu public 72 heures après la fin du sommet.
À l’issue de la rencontre tenue dimanche, des médias citant Omar TOURAY, président de la commission de la CEDEAO, affirment qu’il a été demandé « aux autorités maliennes, au plus tard le 1er janvier 2023 » de libérer les soldats ivoiriens après celle des trois soldates femmes par le Mali, dit-on, pour motif humanitaire.
«Nous demandons aux autorités maliennes au plus tard au 1er janvier 2023 la libération des soldats ivoiriens », aurait dit à des journalistes Omar Touray, président de la commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Mais, dans le communiqué officiel qui a sanctionné la rencontre, ces propos aux allures d’ultimatum ne ressortent dans aucun passage du texte.
Sommes-nous en face d’un vrai faux ultimatum de la CEDEAO, où alors ses dirigeants ont-ils changé de démarche après le tollé général soulevé par cette décision impopulaire ?
Dans le passage consacré au Mali, du point 40 au point 44, on peut lire ce qui suit :
« 40. En ce qui concerne le Mali, la Conférence note avec satisfaction que le processus de transition suit son cours et que les autorités de transition ont réalisé des progrès avec la mise en place d’un mécanisme conjoint de suivi et évaluation du calendrier de transition impliquant le gouvernement, la CEDEA0, l’UA, l’ONU, le Médiateur de la CEDEAO, le Comité directeur et le Comité technique».
«41. Les Chefs d’État et de Gouvernement instruisent la Commission de la CEDEAO d’aider les autorités maliennes, avec l’appui de l’UA et de l’ONU, à organiser une réunion avec les partenaires financiers et techniques pour mobiliser les ressources nécessaires pour relever les défis socio-politiques et sécuritaires afin d’aider au respect du délai de la fin de la transition fixé à 2024».
«42. Toutefois, la Conférence exprime sa vive préoccupation face à l’affaiblissement de la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), à la suite du retrait de certains pays contributeurs de troupes de la mission et appelle au renforcement de l’effectif et des prérogatives de la MINUSMA afin de lui permettre de s’acquitter efficacement de son mandat».
«43. La Conférence rappelle et salue les différents efforts diplomatiques déployés par la CEDEAO et ses États membres ainsi que par les Nations Unies pour obtenir la libération des 46 soldats ivoiriens détenus au Mali».
«44. Par ailleurs, la Conférence appelle les autorités maliennes à répondre positivement aux différents appels à la libération desdits soldats».
Alors, qui sont derrière les déclarations attribuées ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les termes du communiqué final sonnent comme un désaveu pour les auteurs de ces déclarations incendiaires.
Rappelons que dans cette brouille entre les deux pays voisins, le président du Togo, Faure Gnassingbé, a été sollicité par la transition malienne pour mener la facilitation. En dépit des différentes rencontres en vue de trouver un dénouement dans cette affaire, la situation semble être au point mort.
Indépendamment de cette initiative, plusieurs personnalités politiques et religieuses ont tenté la médiation, sans succès.

Par Abdoulaye OUATTARA

 

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