Des Organisations maliennes de défense des Droits de l’homme ont dénoncé la distinction de Houka Houka Ag ALHOUSSEYNI, ancien juge islamique de Tombouctou visé par plusieurs plaintes et dont les actes menacent la laïcité dans le pays pour avoir imposé ses conditions pour l’ouverture des écoles dans la région de la cité des 333 saints.
Dans une note conjointe, 37 organisations de la société civile de défense des droits humains ont condamné avec énergie la distinction par le gouverneur de la région de Tombouctou, le 11 novembre 2022, de l’ancien commissaire islamique sous l’occupation djihadiste, Houka Houka Ag ALHOUSSEYNI.
Les signataires de ce document se révoltent contre la distinction de l’ancien commissaire d’Ansar Eddine qui serait sous le coup d’une plainte auprès de la Cour pénale internationale pour des « faits de crimes de guerre, crimes contre l’humanité » perpétrés pendant la période d’occupation de Tombouctou.
« Nos organisations estiment que cet acte du gouverneur de Tombouctou est contraire au principe de l’État de droit et constitue une atteinte à la mémoire des victimes. Cet acte est de nature à commémorer les bourreaux au moment où les victimes attendent désespérément que des procès soient organisés », fulminent-elles.
En outre, ces organisations de la société civile ont, dans leur document, égrené plusieurs autres plaintes contre cet ancien juge islamique entre 2014 et 2015 devant les juridictions de notre pays qui plaident contre cette démarche de réhabilitation de celui qui traine des casseroles de violences et de soupçon de crimes de guerre.
En effet le 20 juin 2014, 14 victimes de plusieurs présumés crimes des faits se sont constituées en parties civiles dans le cadre de l’instruction ouverte contre Houka Houka devant le Cabinet du juge d’instruction de la commune III pour des faits d’association de malfaiteurs, acte de terrorisme, atteinte à la sûreté intérieure et usurpation de fonctions, témoignent les organisations de la société civile.
Malgré la gravité des faits qui lui sont reprochés, ont-elles regretté, le gouvernement du Mali a procédé le 15 août 2014 à sa libération ainsi qu’à celle de 42 éléments des groupes armés présumés auteurs de graves violations de droits humains et inculpés par la justice malienne, contre 45 éléments des forces armées et de sécurité capturée par les groupes armés lors des combats du 23 mai 2014 à Kidal.
C’était d’ailleurs le 1er échange effectué sous le défunt président Ibrahim Boubacar KEITA après l’échec de la visite de Moussa MARA à Kidal pour marquer la présence de l’État dans la ville de Kidal dont le contrôle échappe toujours aux autorités maliennes, malgré la signature de l’accord pour la paix.
Depuis sa libération, Houka Houka Ag Alhousseini vit à Ariaw, dans la localité de Zouéra, un village situé à l’ouest de Tombouctou (commune d’Essakane), en direction de la frontière mauritanienne, au bord du lac Faguibine.
Le 27 septembre 2017, il y a été officiellement réintégré dans ses fonctions d’enseignant par le Gouverneur de Tombouctou, Koina Ag Ahmadou, sous la pression du dirigeant de la Coalition du peuple de l’Azawad (CPA), Mohamed Ousmane Ag Mohamidoune. Une réhabilitation de fait.
Par ailleurs, cet ancien juge islamique d’Ansar Eddine, dont le regroupement a été chassé au moment de la lutte pour la reconquête du territoire national, a été inscrit le 10 juillet 2019 sur la Liste en application du paragraphe 8 b) de la résolution 2374 (2017), pour avoir pris des mesures qui font obstacle à la mise en œuvre de l’Accord, y compris par des retards persistants, ou des actes qui menacent cette mise en œuvre.
Le dernier acte posé par ce personnage controversé est relatif à sa décision, à travers une lettre adressée au gouverneur de Tombouctou, demandant aux «autorités scolaires» d’introduire l’arabe et l’étude du Coran à l’école.
Dans cette correspondance du 26 octobre, il souligne qu’il «faudrait» également que «les rangées des filles et des garçons soient séparées par une barrière lorsqu’il est impossible de séparer la classe». L’enseignant doit en outre être du même sexe que les élèves.
PAR SIKOU BAH