Le rapport 2019 de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE-Mali) dont le contenu a été rendu public la semaine derrière déplore des écarts significatifs sur les quantités et les taux de pureté d’or raffiné en plus de l’absence des certificats de raffinage des sociétés d’exploitation.
La semaine écoulée, l’équipe de l’ITIE-Mali a présenté son rapport sur le secteur minier dans les communes du District de Bamako, à l‘image de celle de la commune IV. L’exposé sur ce document d’enquête a fait par le Secrétaire permanent de l’ITIE-Mali, Mamadou YAFFA au cours d’une cérémonie présidée par le 1er adjoint au maire de ladite commune, Bakary NIARE. C’était en présence des forces vives de la localité notamment les notabilités, les chefs religieux, les autorités politiques, les responsables des services, les femmes, les jeunes…
Souhaitant la bienvenue, M. NIARE a rappelé l’importance de cette séance consistant à informer et à sensibiliser la population sur l’épineuse question de la gestion des mines au Mali. Grâce à l’ITIE-Mali, l’élu communal a constaté la réduction de beaucoup d’irrégularités dans la gestion presque unilatérale des mines dans le pays. Selon lui, tout le processus était effectué dans la plus grande discrétion loin des regards de la communauté et des autorités locales.
« Auparavant des sociétés d’exploitation commençaient leur activité sans que des responsables de la collectivité ne soient informées. Donc, le travail de l’ITIE-Mali consiste à faire profiter les communautés des mannes issues de l’exploitation des mines », a indiqué M. NIARE, sollicitant par ailleurs la forte implication des collectivités dans la gestion des ressources minérales.
Pour sa part, le secrétaire permanent de l’ITIE-Mali, Mamadou YAFFA, a ajouté que leur approche a permis d’assainir un peu le secteur minier en rendant public les données en termes de production mais aussi des fonds transfères aux collectivités et à l’Etat. La disponibilité de ces informations a permis de faire le suivi et la traçabilité des ressources issues des activités extractives dans une localité.
Dans le rapport de l’ITIE 2019 dont le contenu a été rendu public, les productions minérales restent dominées par l’or avec 65 167 kg pour une valorisation de 1 547 milliards de FCFA soit près de 99% de la production totale. Cette production reste concentrée dans les régions de Kayes (72%) et de Sikasso (26%). Une petite portion revient à la région de Koulikoro avec seulement 2% de la production nationale.
En 2019, la Suisse a été la destination privilégiée de l’exportation de l’or malien avec 50% ; elle a été talonnée par l’Afrique du Sud avec 49%, et enfin les Émirats Arabes unis pour seulement 1% de l’exportation, détaille le rapport de l’ITIE.
Quant à la production d’or artisanale, elle a présenté à la même période 6 tonnes d’or pour une valeur d’exportation plus de 120 milliards de FCFA.
Outre l’or, de nombreuses autres ressources minérales sont exploitées dans le pays notamment la bauxite, le diamant, le lithium, le calcaire, le cuivre, le marbre, précisent le rapport. Malgré parfois la plus faible exploitation de ces ressources, elles contribuent déjà au développement économique du pays même si cet apport est jugé trop faible par certains observateurs.
En effet, en 2019, affirme l’ITIE, le secteur minier a contribué de 9,7% du PIB et à 21% dans les revenus de l’Etat. Cependant, leur contribution à la création d’emploi demeure faible soit 1,7%.
En plus de l’État, les collectivités profitent également de l’exploitation de ces ressources naturelles dont le pays regorge. Pour la région de Kayes, les différentes sociétés d’extraction des mines ont transféré aux collectivités de plus de 7 milliards de FCFA en 2019, cite le rapport.
Au-delà de ces efforts, le secteur minier booste l’économie locale, à travers les achats des fournisseurs locaux. Ces acquisitions se sont chiffrées à 337 milliards FCFA, selon les chiffres fournis par les entreprises extractives à l’ITIE.
Par ailleurs, le rapport a déploré des écarts significatifs sur les quantités et les taux de pureté d’or raffiné (or brut/or net). Aussi, l’ITIE a regretté ne pas pouvoir disposer des certificats de raffinage auprès de la direction nationale de la géologie et des mines.
Pour elle, cette situation est une violation des dispositions du code minier qui stipulent : « les analyses des échantillons doivent s’effectuer au Mali. Toutefois, le titulaire d’un titre minier peut, sur justification, effectuer des analyses d’échantillons en dehors du Mali avec autorisation du directeur des mines ».
A cet égard, l’ITIE recommande à la DNGM de recueillir les certificats de raffinage des sociétés d’exploitation et de procéder à la vérification des quantités et des taux de pureté déclarés par les sociétés exportatrices conformément aux dispositions légales.
De même le rapport a constaté que le complexe Loulo-Gounkoto ne déclare pas sa production d’or par projet. Loulo-Gounkoto constituant deux projets distincts détenus majoritairement par Barrick Gold, déclarent les revenus par projet mais font une déclaration combinée de leur production. Cette déclaration agrégée de la quantité de production n’est pas conforme aux exigences de la norme ITIE.
PAR SIKOU BAH