Depuis l’énoncé, le 30 avril 2020, de l’Arrêt de la Cour constitutionnelle a proclamant les résultats définitifs de l’élection des députés à l’Assemblée nationale, le Mali est comme pris dans la tourmente. Les citoyens de toutes les grandes agglomérations du pays manifestent leur mécontentement, leur ras-le-bol, leur refus des résultats tronqués par l’annulation de milliers de votes des citoyens au seul profit des candidats du pouvoir. Il n’échappe à personne que l’objectif final de ce déni de justice, véritable 3eme tour de l’élection est d’offrir au pouvoir en place une majorité confortable pour réaliser son projet funeste contre notre patrie, le Mali : organiser sa partition pour donner satisfaction à ceux qui, depuis le 22 septembre 1960 n’ont jamais accepté notre devise, un Peuple, un But, une Foi.

C’est dans cette atmosphère que certaines personnes appellent l’union providentielle au tour du chef de l’État pour disent-ils sortir le pays de l’ornière. Un simple exercice de mémoire nous permet d’affirmer que dans l’histoire moderne du Mali, à part le jour de la proclamation de l’indépendance du Mali, le 22 septembre 1960, rarement événement n’aura suscité l’adhésion des Maliens plus que l’élection de Ibrahim Boubacar Keita en 2013 à la présidence de la République. C’était un quasi-plébiscite avec plus de 77% des suffrages exprimés. Et, fait inédit en Afrique : son challenger Soumaila Cissé l’a immédiatement félicité et s’est rendu à son domicile pour lui signifier avec une élégance rare, la reconnaissance de sa victoire comme celle de tous les Maliens et du Mali. C’était l’heure des grandes espérances.
C’était aussi, principalement et essentiellement, pour résoudre la crise au nord du Mali. La question que l’on est en droit de se poser aujourd’hui est de savoir : qu’a fait IBK de ce capital de confiance et de légitimité, pour que, sept après, des avocats autoproclamés, visiblement à la recherche d’honoraires politiques, quémandent la clémence du peuple en sa faveur et l’union autour de lui ? Pour faire quoi ? Continuer la même gestion de l’Etat ? Nommer et renvoyer des Ministres à l’infinie ?

Distribuer de l’argent et des postes à tous ceux qui le critiquent, en lieu et place de débats et d’échanges féconds, afin d’apporter des correctifs positifs et vertueux dans la gestion du pays ? Désarticuler, émasculer et rendre dysfonctionnelles les Forces armées et de sécurité ? Le laisse- guidon, le laisser-aller et le laisser-faire pour la corruption à grande échelle ?
De septembre 2013 au 30 avril 2020, quelles genres de souffrances et d’humiliations le peuple malien n’a pas enduré ? Partition de fait du pays, situation guerre civile au Nord et au Centre, avec son cortège de morts civils et militaires, de réfugiés internes et externes, de villages détruits, des communautés millénaires disloquées à jamais, des milliers de vies à jamais brisées, l’école malienne saccagée, la jeunesse sans repères, la société et l’appareil d’État gangrenés et clochardisés par la corruption et la prédation à grande échelle. Pourtant, aucune des Commissions d’enquête parlementaire mises en place pour éclairer le peuple sur des événements graves impactant la vie de la Nation n’a pu faire aboutir ses travaux ou rendre des conclusions : sur les événements dramatiques de Kidal en 2014 (ayant occasionné la mort tragique des plusieurs fonctionnaires de l’État et de dizaines de nos vaillants soldats ) ; sur les faits de détournements massifs dans l’achat des équipements militaires de qualité douteuse dans notre pays en guerre ( portant sur des centaines de milliards de FCFA).
C’est dans ces conditions que l’Oligarchie qui a pris le Mali et les Maliens en otage, vient de commettre la faute, j’allais dire l’affront de trop le 30 avril, à travers la proclamation des résultats de l’élection des députés par la Cour Constitutionnelle. Ainsi, dans la conscience collective des Maliens, l’écrasante majorité des députés ainsi nommés sont : les alliés et obligés des séparatistes ou des terroristes, les narcotrafiquants et leurs obligés, les grands corrupteurs et leurs obligés, les alliés et obligés des milices armées. Bref, tous ceux contre le règne desquels le peuple malien a élu en 2013 Ibrahim Boubacar Keita.

Face à cette situation, si Ibrahim Boubacar Keita ne change pas radicalement sa manière de gouverner le Mali, les Maliens n’ont d’autres choix que de rentrer en RÉSISTANCE PATRIOTIQUE ET DÉMOCRATIQUE contre son régime. Pour préserver l’unité et la cohésion nationales, l’intégrité du territoire national, l’indépendance et la souveraineté du Mali, l’honneur et la dignité des Maliens.
Nous refusons d’être les spectateurs passifs de la partition programmée, de la vissalisation du Mali. Nous refusons d’être réduits à l’état d’esclavage volontaire face aux séparatistes, aux esclavagistes, aux terroristes et aux narcotrafiquants, aux milices armées, aux grands corrupteurs et leurs obligés. Nous refusons de sacrifier notre patrie sur l’autel des calculs opportunistes, au «festival des brigands».
L’heure du refus d’obéissance a sonné ! Et quand on refuse, on dit NON ! C’est ce que font les Maliens aujourd’hui.
Bamako, le 8 mai 2020
Choguel Kokalla MAIGA

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