Le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, Andogoly GUINDO, a présidé, ce lundi 13 février 2023, au CICB, la cérémonie d’ouverture de la rencontre des membres du Comité de pilotage de la Charte d’Ethique et des Valeurs du Mali. C’était en présence de son homologue en charge de la Communication, de l’Economie Numérique et de la Modernisation de l’Administration, Me Harouna Mamadou TOUREH ; du président du Comité scientifique, entre autres. Cette rencontre a été une occasion pour le président du Comité scientifique, le Pr Famagan-Oulé KONATÉ, de présenter la version provisoire ladite Charte au chef du département, Andogoly GUINDO, président du Comité de pilotage.

Après plusieurs mois d’intenses travaux, les membres du Comité de pilotage étaient donc réunis hier lundi pour examiner le résultat des travaux de recherche du Comité scientifique, mis en place en février 2022 et dirigé par le Pr Famagan-Oulé KONATÉ.
A l’ouverture des travaux, le Comité de pilotage, le ministre Andogoly GUINDO, a rappelé que notre pays traverse une crise sans précédent sapant les fondamentaux de notre nation.
Restauration de nos valeurs culturelles
Pour sortir définitivement de cette grave crise, le président de la Transition, le Colonel Assimi GOITA, et le Premier Ministre, dit-il, se sont engagés dans un mouvement de refondation nationale, soutenu par des mesures concrètes dont la restauration de nos valeurs culturelles, pierre angulaire de ce vaste chantier institutionnel.
«Le présent document soumis à votre analyse est le fruit d’une longue réflexion, d’un travail minutieux et acharné, accompli par un Comité Scientifique pluridisciplinaire sous l’égide du Comité de pilotage », a-t-il déclaré.
Il ressort de son propos que le présent document de la Charte d’Ethique et des Valeurs prend en compte les aspects tels que : les normes, modèles et systèmes devant régir la vie de la société malienne ; la codification des normes, modèles et systèmes devant régir la vie de la société malienne ; la reconnaissance de l’autorité parentale, de la société et des institutions spécialisées dans la formation et de l’éducation du citoyen ; la reconnaissance de nos valeurs endogènes en tant que moyens et principes de l’instruction civique et de la construction nationale.
Le président du Comité scientifique, le Pr Famagan-Oulé KONATÉ, a rappelé les différentes étapes qui ont abouti à l’élaboration de la version provisoire de la Charte.
Une Charte consensuelle
A ce niveau, il a précisé que le Comité a procédé à la réalisation d’une enquête quantitative sur un échantillon national de 480 citoyens dont 50% de femmes, ainsi que la réalisation d’une enquête qualitative sur un échantillon de 60 représentants des différentes aires culturelles du Mali.
L’enquête quantitative a révélé que les 480 citoyens interrogés approuvent les valeurs inscrites dans la Charte dans une proportion de 70 % à 100 %.
Et l’enquête qualitative a révélé que la culture malienne, les traditions et coutumes des communautés regorgent de nombreuses valeurs positives qu’il suffit de revisiter.
Aussi, la transmission des valeurs d’éthiques d’une génération à l’autre passe-t-elle nécessairement par l’Etat, les Collectivités Territoriales, la famille, l’école et le département en charge de la culture
A l’article 6 de la Charte, relatif aux valeurs individuelles, l’accent est mis sur : la connaissance de soi qui est la prise de conscience de ses propres valeurs, intérêts et aptitudes ; le sens de l’honneur qui est un engagement à ne jamais accomplir des actions tendant à la perte de l’estime de soi et de celle des autres ; le respect de la parole donnée, caractéristique principale de l’homme d’honneur, qui consiste à tenir ses promesses.
L’article 7, qui nous invite à la tolérance, est l’observance de l’harmonie dans la différence et la paix ; à l’honnêteté, par laquelle, on s’engage à exercer ses actions avec droiture et loyauté conformément aux règles de la morale sociale.
De même, la Charte accorde une place primordiale à la famille, car, son rôle est d’éduquer, de transmettre les valeurs traditionnelles, spirituelles, religieuses, morales et culturelles. Ses valeurs portent sur la protection de la famille, les normes de conduite du chef et des membres de la famille.
S’agissant des valeurs sociales, l’article 12 spécifie que la protection du bien commun nous conduit à soustraire ce bien des facteurs qui risquent de le détruire ou de le dégrader ou de le compromettre ; le respect des valeurs de cousinage et autres parentés à plaisanterie a été et demeure le ciment et le socle de la cohésion sociale au Mali.
Sur les valeurs sociales, l’article 13 stipule que la défense de la patrie, en danger, impose à chacun d’entre nous un don de soi jusqu’au sacrifice ultime ; chaque Malien doit respecter et s’approprier la date de l’indépendance, la devise, le drapeau, l’hymne national, les sceaux et armoiries
L’article 14 met en relief le dialogue intra et inter-religieux qui permet de fraterniser les personnes de même religion ou de religions différentes ; la laïcité est la neutralité de l’Etat qui garantit en même temps le libre exercice des cultes et croyances et l’égalité de tous devant la loi ; le respect mutuel est l’attitude d’exclure toute forme de violence à l’endroit de l’autre. Il nous impose d’être courtois et d’accepter l’autre avec ses différences.
Pour atteindre le développement durable, l’article 20 nous invite à réaliser, au quotidien, des économies d’eau et d’énergies dans les ménages, les champs et les services ; à pratiquer l’éducation environnementale ; à recycler et à valoriser les déchets liquides et solides afin d’assurer à la population un environnement sain.
Parlant des valeurs professionnelles, l’article 25 insiste sur la discipline qui permet au travailleur de récolter trois bénéfices : l’accroissement du niveau de tolérance, la persévérance dans l’effort et la concentration sur l’objectif ; le respect des règlements et des procédures en vigueur par le travailleur constitue le socle de l’harmonie et de l’entente au sein de son service ; la confidentialité, car, le travailleur discret est celui qui ne pérore pas et qui ne colporte pas.
L’article 26 met l’accent sur la courtoisie, base des relations sociales, est l’expression d’une politesse, mêlée d’élégance et de générosité ; la reconnaissance du mérite permet à un service d’évaluer la productivité et de récompenser ses agents les plus productifs.
L’article 28 attire l’attention sur la redevabilité de celui qui est investi d’un pouvoir consiste à rendre compte devant l’instance appropriée de ses actions, et des décisions prises ; l’état de droit qui repose sur trois conditions : le respect de la hiérarchie des normes, l’égalité devant le droit et l’indépendance de la justice.
Les Recommandations
Enfin, le comité scientifique, par la voix de son président, le Pr Famagan-Oulé KONATÉ, invite l’Etat à mettre en place une Commission nationale d’éthique et ses démembrements.
De même, l’Etat, les Collectivités Territoriales, les communautés locales doivent promouvoir les valeurs inscrites dans la présente Charte ; promouvoir des stratégies et programmes de transmission des valeurs axés sur l’éducation familiale, la citoyenneté, le civisme, le patriotisme et l’éducation environnementale ; doter en moyens matériels, humains et financiers les structures ayant en charge la transmission des valeurs d’une génération à l’autre.
Pour rappel, le Conseil des Ministres du mercredi 13 octobre 2021 a adopté la communication verbale relative à l’adoption d’un document référentiel dénommé « Charte d’éthique et des valeurs du Mali ».
L’objectif principal, à travers cette charte, est de doter le Mali d’un document sur l’éthique et les Valeurs partagées et ancrées dans la civilisation multiséculaire devant inspirer les générations actuelles et futures.

Par Abdoulaye OUATTARA

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