Alors que la MINUSMA se dit préoccupée par la montée des tensions entre les parties signataires, le MNLA, ce jeudi lors du 11e anniversaire de son État fantôme, ajoute une couche à l’atmosphère détériorée depuis quelques jours. Ainsi, dans une déclaration attribuée au Conseil révolutionnaire du MNLA, les rebelles de Kidal affichent un ton de va-t’en guerre où ils ne donnent aucune chance à l’unité du Mali. C’est la démarche irréversible pour l’indépendance de l’Azawad, pour le MNLA, qui est désormais en marche.
Depuis quelques jours, un désaccord patent entre les signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation est en train de créer un clivage entre les différents acteurs. Une situation dangereuse à l’origine notamment de vives tensions qui préoccupe la communauté internationale, à travers la MINUSMA qui dans un communiqué du 5 avril a appelé les parties à faire « preuve de la plus grande retenue afin de faciliter les efforts en cours visant à relancer le processus de mise en œuvre de l’Accord de paix ».
Pour la MINUSMA, l’Accord reste le cadre le plus viable pour le retour durable à la paix et à la sécurité et le règlement des causes profondes de l’instabilité récurrente dans le Nord du pays, et ce dans le strict respect de l’unité du Mali, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.
En dépit de cette déclaration, le MNLA qui n’a jamais renoncé à son projet de partition du territoire malien a tenu ce jeudi des propos de va-t’en guerre au nom de son combat pour la création de l’Etat de l’Azawad, un projet vieux de plus de 60 ans à en croire le mouvement rebelle qui s’est allié en 2012 aux terroristes contre des frères.
Dans la déclaration attribuée au conseil révolutionnaire du MNLA, est fait la révélation d’avoir été contraint mais aussi biberonné par des promesses de la part de la communauté internationale. Ce pour comprendre que le MNLA, pendant tout ce temps, n’a jamais été convaincu de l’unité de la république. A cet effet, toute situation est un prétexte pour ce groupe avec la bénédiction de la CMA de brandir la partition du territoire national. La non application de l’accord par l’Etat, l’indifférence des autorités sur la situation de Kidal, le problème de développement sont mis dans la balance pour se faire victime et accuser le gouvernement.
« Aujourd’hui, le peuple de l’Azawad, après tant de souffrances, de patience, des coups bas, de mauvaise foi, de défi de la part de l’Etat Malien, est arrivé à la conclusion qu’avec le Mali, il n’y a aucun moyen de construire un avenir et un devenir communs. Dès lors la solution de la séparation Mali-Azawad en deux États totalement distincts s’impose et nous travaillerons à sa concrétisation, quoi que cela va coûter», relevons dans la déclaration du MNLA.
Pour ce mouvement rebelle, le peuple de l’Azawad n’a plus d’autre choix que d’inscrire désormais « sa démarche dans la reconsidération irréversible des concessions politiques antérieures pour ne compter que sur lui- même et se protéger par tous les moyens contre tous les ennemis ».
Les jours et mois à venir nous édifierons plus d’un sur la nouvelle posture née de l’orgueil du Gouvernement Malien, prévient le MNLA, en exhortant chaque « Azawadien est invité à jouer sa partition dans la lutte de libération pour répondre au rendez-vous l’histoire.»
Toujours fidèle au plan machiavélique de séparation du territoire national, malgré les verrous notamment de l’Accord pour la paix, l’objectif de ce projet pour le MNLA est de « corriger l’injustice » contre le peuple de Azavvad.
Dans sa dérive, le MNLA va jusqu’à tronquer l’histoire dans le dessein de justifier ou de défendre la création d’une chimère Etat en affirmant qu’avec le Mali il « ne partage aucun lien profondément ancré dans l’histoire ».
Mais, l’essentiel, pour eux, est de rendre ce projet irréversible qui a été lancé depuis l’ère coloniale contre la France, puis contre notre Etat.
Comme défiance à tous ceux qui plaident et soutiennent l’unité du Mali, le MNLA promet que leur plan allait se poursuivre jusqu’à l’atteinte de l’objectif ultime. « Notre peuple est prêt à tous les sacrifices que cela requiert, pourvu qu’il réalise ses ambitions », a déclaré le mouvement.
PAR SIKOU BAH