Trente (ans) après le règne des abeilles nostalgiques de la belle période où l’argent était devenu roi, où les milliardaires poussaient comme des champignons, où les scandales au sommet de l’État étaient quotidiens… pensent pouvoir blanchir le président Alpha Oumar Konaré et délivrer un brevet d’intégrité et d’honorabilité à son régime. Point d’oubli, point d’amnésie et d’amnistie quant aux crimes et scandales qui ont émaillé la gouvernance depuis l’opération taxi aux interpellations saluées sous cette transition.
Nul ne va accabler le président Alpha Ouamr Konaré, homme d’État, homme de culture, panafricaniste et patriote avéré de légendes urbaines qui ont fleuri pendant et après son règne sur la mauvaise gouvernance qu’il n’a pu endiguer. Cependant, tous les observateurs s’accordent à reconnaitre que c’est sous le président Alpha Oumar Konaré que la corruption a pris son envol, que c’est sous Alpha Oumar Konaré les scandales ont été légions au sommet de l’État impliquant souvent sa personne directement ou directement. Le relèvement exponentiel du seuil de passation des marchés publics de 25 millions à 250 millions ne plaidait en faveur de la transparence en ce qui concernait l’autorisation ainsi faite aux marchés par entente directe ou gré à gré.
Pour rafraichir la mémoire de ceux qui tentent de réécrire l’histoire, nous avons choisi d’énumérer quelques-uns des scandales les plus retentissants de l’ère Konaré.
Affaire des 21 milliardaires démocrates
Par exemple, que nul ne conteste que la course effrénée à l’enrichissement par la distribution des marchés publics de gré à gré gonflés par la surfacturation ait pu donner naissance à quelques parvenus qui continuent de narguer le peuple, mais pas à 21 milliardaires démocrates tous issus des rangs de l’Adéma comme la presse en avait fait ses choux gras à l’époque. Contrairement au narratif de la presse, c’est le président Alpha Oumar Konaré qui a sollicité cette expertise de la Banque mondiale du 14 mars au 5 avril 1999 et le rapport n’était pas intitulé «les Lignes de travail dans la lutte contre la corruption » mais « recommandations visant à renforcer le programme anti-corruption ». L’objectif de la mission était d’évaluer le programme anti-corruption de notre pays et de proposer les méthodes par lesquelles la Banque mondiale pourrait soutenir les efforts du gouvernement dans la mise au point de son programme anti-corruption. Et non de traquer et de dénoncer les milliardaires véreux.
Démocratie ou voyoucratie ?
L’affaire des 21 milliardaires de la démocratie ne rend qu’imparfaitement de la manière dont «les démocrates sincères et les patriotes convaincus » (anciens udpmistes qui ne pouvaient oser manger sous Moussa Traoré) avaient pillé notre pays, dans l’ignorance ou à l’issu de Alpha Oumar Konaré. Ce que la presse de l’époque a appelé «voyoucratie», c’est la succession de scandales au sommet de l’État dans l’impunité totale ou souvent avec la complicité de tous.
Incapable de préserver ce qu’ils ont trouvé, le président Alpha Oumar Konaré et son clan ont bradé toutes les sociétés et entreprises d’États et les bâtiments publics (voir les 14 mesures du Premier ministre Abdoulaye Sékou Sow) qu’ils ont trouvés et crées souvent par eux-mêmes : ACI, CMDT, SOTELMA, SONATAM, HUICOMA, MALITEL, IKATEL… Histoire de ne pas laisser de traces. À ce jour, la lumière n’est jamais faite sur ces affaires. C’est ce qui a fait dire certains que l’Alphacratie, c’était de la liquidation systématique, et des scandales étouffés. À l’époque, beaucoup de gens se sont dits frustrés par ce scandale qu’on a abusivement circonscrit comme l’affaire de la PNG ?
Affaire PNG
Au plan monétaire, par rapport à décembre 1990 et Décembre 1991, la position nette du gouvernement (PNG) s’était notablement améliorée en 1992 (-3166 millions FCFA en 1992 contre -464 millions FCFA en 1991 et +5749 millions en 1990, selon un rapport de BAD sur l’évaluation du Programme d’ajustement structurel (PAS) de notre pays.
II ressortait que si, globalement, la situation financière de l’Etat, au terme du PAS s’était quelque peu améliorée, la situation budgétaire reste en revanche, particulièrement préoccupante, et nécessitait la mise en œuvre, dans les plus brefs délais, des recommandations résultant de l’étude réalisée en janvier 1993 par le FMI sur la consolidation et l’élargissement de l’assiette douanière et fiscale.
Derrière le verbiage financier, l’affaire de la Position nette du gouvernement (PNG) éclatée sous sous Mahamar Maïga, ministre de l’Économie, des Finances et du Plan de l’époque concernait la disparition de plus de 2 milliards de nos francs, partis, dit-on, dans les poches de certains cadres tous hauts placés et intouchables. Interrogé sur cette curieuse affaire au cours d’une conférence de presse le ministre Mahamar Maïga répond sans sources, le plus tranquillement du monde qu’’Il n’y a pas détournement, il y a des évasions’’. Puisque les Maliens sont des ignares qui ne comprennent pas la langue de Molière, le ministre pouvait faire son jeu de mots sans aucune conséquence. Heureusement qu’on n’était pas encore à l’heure de Facebook et de Whatsapp.
Affaire du bateau de pétrole de Sani Abacha
Un bateau rempli de pétrole en vente a eu comme intermédiaire le chantre de la démocratie en Afrique, l’homme d’État hors-pair, le président Alpha Oumar Konaré. À l’époque, l’affaire à fait grand bruit. Jusqu’ici, ni le président Alpha ni ses défenseurs ne se sont prononcés là-dessus. En octobre 2020, encore, Me Mountaga Tall apostrophait encore Alpha et son épouse sur l’Affaire sans réponse : «Ah bon ! Mais donc qui donc allait régulièrement voir le dictateur président du Nigéria de l’époque Sani Abacha … ? Qui a bénéficié des dons et libéralités du même Abacha ? Qui a détourné les bateaux de pétrole qu’il a donnés au Mali ? Voyez-vous Madame, l’Histoire s’accommode mal de mémoires sélectives».
En effet, donnons acte à l’avocat. L’affaire rocambolesque des bateaux de pétrole de Sani Abacha avait eu des répercussions fâcheuses sur l’image de notre ancien président et notre légendaire intégrité de Malien. En condamnant le passe-passe constitutionnel de Faure et le maintien de Bongo au pouvoir, ces deux hommes d’État n’avaient d’autres choix que de rappeler le président du Mali Alpha Oumar Konaré à l’ordre parce que le mystérieux bateau avait transité par leur pays avant sa destination finale…
Affaire des valises d’argent de Sani Abacha
Une partie du butin détourné par Sani Abacha aurait été, selon la presse malienne de l’époque (Inter de Bamako), récupérée à Bamako. Après l’avènement de la démocratie au Nigéria et l’arrivée de Oleségun Obasanjo à la tête du Nigeria, les autorités avaient envoyé un illustre émissaire auprès de l’ami malien du général Sani Abacha. Ce dernier, après avoir protesté énergiquement, s’est ramolli quand on lui a exhibé certaines preuves irréfutables. Contre mauvaise fortune, il a dû se résoudre à faire bon cœur et à remettre une partie seulement du butin. Le trésor du dictateur était composé de cinq valises remplies de dollar américain, du franc suisse et du franc français. Le fils de Sani Abacha (bon sang ne saurait mentir) a dû avancer des arguments solides pour récupérer le trésor paternel. Il est resté d’après ce dernier à Bamako deux valises bourrées de devises. Avant de s’envoler pour une destination inconnue. Le fils de Sani Abacha a pris soin d’arroser royalement le sbire à qui ordre avait été donné de l’empêcher de partir avec son trésor (Inter de Bamako, 2006).
Affaire de la salle de banquet de Koulouba
Un milliard de nos francs, c’est la somme astronomique qu’a coûtée la nouvelle salle de banquet que l’ancien président de la République, Alpha Oumar Konaré, a bâti au Palais de Koulouba quand il a accédé au pouvoir en 1992. Le milliard est parti, dit-on, dans la réfection de cette salle des banquets, y compris les lustres, les moquettes, et autres mobiliers. Et comme le seuil de passation des marchés publics avait été relevé, beaucoup d’observateurs avaient crié en son temps à des scandaleuses surfacturations. Est-ce que Alpha Oumar Konaré, qui se plaisait à Koulouba était prêt à partir au terme de son second mandat ? Alors que Koulouba recèle de plusieurs salles de banquets.
Affaire de la villa d’Adama Traoré dit BIAO
La transition a adopté une loi qui accorde la gratuité du logement aux anciens présidents, démocratiquement élus, s’entend. C’est ainsi que Alpha Oumar Konaré aurait pris le devant en achetant dans un premier temps un domaine à Djikoroni en bordure du fleuve (l’actuelle villa qui abrite la famille du Général Moussa Traoré) à 300 millions appartenant à Adama Traoré, ancien directeur de la BIAO. Paniqué par les rumeurs de plus en plus persistantes circulant à Bamako et avec l’air du temps, Alpha aurait vendu ledit domaine à l’Etat malien au double, à savoir 600 millions. Mais ironie du sort, c’est Moussa Traoré (paix à son âme), président «dictatorialement élu» auquel la résidence allait revenir. Et c’est dans cette maison qu’il allait terminer ses jours.
Affaire de l’EMIA spéciale
À l’École Militaire Inter Armes de Koulikoro, Mamadou Lamine Konaré alias Mala, fils de Alpha Oumar konaré, aurait bénéficié d’une formation spéciale de six mois au lieu de trois ans pour prétendre au grade de lieutenant. Même si la hiérarchie militaire dément ce narratif de la presse, l’affaire à l’époque a fait grand bruit et était très gênante pour le président Konaré. À la base aérienne de Senou, il a aussi bénéficié d’une formation spéciale de six mois. Un pilote n’est pas n’importe qui dans l’avion et surtout un officier n’est pas n’importe qui dans une armée. Car un avion de combat qui coûte cher est un cercueil volant pour un pilote mal formé. Mais le temps passe, l’opinion a tendance à oublier Mamadou Lamine Konaré alias Mala qui du reste serait un excellent officier patriote sur qui notre pays pourrait compter.
Affaire des châteaux de la démocratie
Les légendes urbaines fleurissent, les immeubles sortent de terre tels des champignons, pas qu’à l’ACI 2000 (une fabrication de l’Adema), partout à Bamako. A-t-on jamais fait l’inventaire des propriétaires de l’ACI ? En attendant, le courage abrite l’État, les Maliens s’étonnent de voir du jour au lendemain :
-Un palace d’un ancien ministre du Commerce et de l’Industrie situé sur la rive droite du fleuve Niger. La somptueuse villa aurait coûté 600 millions (devis estimatif).
– Un palais, sis à Samaya, appartient à un ancien ministre des Finances. Il aurait coûté plus de 1 milliard de nos francs. La même personne est propriétaire d’un bateau de plaisance, d’un yacht et actionnaire dans plusieurs sociétés de la place. Cet ancien ministre, actionnaire dans plusieurs sociétés, serait propriétaire de 52 lots à l’ACI.
– Un palais à Mountougoula appartenant à un ancien ministre du clan CMDT chiffré à plus d’un milliard.
-Un immeuble abrite une mosquée à son sein propriété d’un ex-PDG de la place à Sangarébougou, qui aurait coûté plus 500 millions…
À cet échantillon, s’ajoutent les terres de Kassela, Baguineda, Moutougoula, Sanankoroba, Dialakoroba, Diatoula qui auraient été érigées en titre foncier par des démocrates sincères et patriotes convaincus.
La Rédaction